dimanche 30 juin 2013

Quel bazar !

Michel Fugain et le Big Bazar "Fugain et le Big Bazar N°2" (1973)
ou "Pompompidou ! hippie hippie hourah !"


C'est à l'occasion du Grand Jeu, faisant écho de ma recherche de Monsieur Bernard, que je me vis honoré d'un lien vers une intégrale des années Big Bazar de Michel Fugain.

Comme j'aime bien écouter une chanson en contexte (ladite intégrale est un beau bordel qui mélange les 4 albums sans ordre ni chronologie), j'ai réordonné l'album N°2 où, justement, se trouve le fameux Monsieur Bernard. Et c'est un bel album de chanson française 'hippisante' des années 70. Avec les limitations du genre mais surtout ses forces.

Déjà, les chansons. Elles sont bonnes. Fugain y apparait comme un doux anar qui, barbu et chevelu et entourés d'une belle bande de zigotos (jusqu'à 35 sur scène, Funkadelic variété ou proto-Bérus...), et ça chante, ça danse, ça rit... Pas bien méchant tout ça, pas de quoi effrayer le bourgeois, juste assez "edgy" pour encanailler les raouts consensuels de Maritie et Gilbert Carpentier.

Parce que cette musique colorée et festive, parfois nostalgisante mais sans excès, est avant tout destinée à faire passer un bon moment à l'auditeur même quand elle est (gentiment) politique (Le Chevalier des Causes Perdues, Les Gentils Les Méchants, Bravo Monsieur le Monde). Elle est aussi idéale pour réunir tonton René et la petite Emeline, 5 ans, autour de légèretés sucrées et pétillantes (La Fête, Monsieur Bernard) particulièrement réussies. Et tout ça est bien arrangé, bien joué, bien produit, du bon boulot de bons professionnels, assez loin de l'image bordélique et bohème que j'en avais gamin, et que j'appréciais.

Bref, c'est un bon petit album qui fonctionne d'autant plus que l'été, les vacances, quoi !


1. Tout va changer 3′43
2. La fête 3′00
3. Ainsi va la vie 2′32
4. Là-bas dans les îles 3′02
5. Le chevalier des causes perdues 2′36
6. Les gentils, les méchants 2′00
7. Le roi d’argot 3′09
8. Monsieur Bernard 2′33
9. Vol 00 2′50
10. Bravo, Monsieur le Monde 3′02
11. Chante… 3′10
12. Jusqu’à demain peut-être 3′23


samedi 29 juin 2013

31 Days in July

V/A "31 Days in July"
(Zornophage, 2013)
ou "Un jour / chaque jour"


31 jours, 31 chansons avec jour (day) dans le titre. Simple, non ? Pour compliquer un peu "day" au singulier et, pour corser encore, l'obligation de faire ce que je sais faire le mieux, tout mélanger joyeusement pour que "ça s'enchaine bien" tout en demeurant surprenant.

31 jours, 31 chansons avec de l'humour, de la tristesse, de l'originalité, de la grâce... Et une progression thématique plus ou moins tenue (du début à la fin du jour).

Evidemment, c'est un prétexte pour vous offrir des chansons que j'aime et, allez savoir !, vous pousser à aller voir plus loin si ça vous accroche la feuille...

31 jours, 31 chansons, une petite compile pour la route des vacances... Vous aurez bien deux heures à m'accorder, non ?


CD 1 (Un Jour)
1. Ella Fitzgerald "Isn't This a Lovely Day?" 3:26
2. The Beatles "Good Day Sunshine" 2:09
3. Eloy "Daybreak" 3:38
4. The Divine Comedy "Light of Day" 4:21
5. Styx "A Day" 8:09
6. Siouxsie "Here Comes That Day" 4:00
7. Sparklehorse "Some Sweet Day" 4:18
8. Medications "Long Day" 4:02
9. Hotel Lights "Wedding Day" 2:08
10. Morphine "Have a Lucky Day" 3:25
11. Tin Hat Trio "Same Shirt, Different Day" 1:54
12. Amy Lavere "Day Like Any" 3:27
13. Lou Reed "Perfect Day" 3:42
14. Rare Earth "Day Dreamer" 4:51
15. Roy Harper "Another Day" 3:44
16. Andy Fairweather Low "Every Day I Die" 4:32

CD 2 (Chaque Jour)
17. Gwendal "Rainy Day" 6:27
18. Geoffrey Oryema "Market Day" 3:14
19. The Album Leaf "Wet the Day" 5:25
20. Gary Moore "Cold Day in Hell" 4:14
21. Tower of Power "Back in the Day" 4:32
22. Brendan Benson "Garbage Day" 3:17
23. The Cardigans "Black Letter Day" 4:30
24. Kevin Ayers "Day by Day" 3:47
25. Taste "If the Day Was Any Longer" 2:07
26. Paul McCartney "Great Day" 2:07
27. Supergrass "Late in the Day" 4:42
28. Sarah Blasko "Night & Day" 3:59
29. Nick Drake "Day Is Done" 2:25
30. Metallica "The Day That Never Comes" 7:54
31. Tub Ring "The Day the World Will End" 2:32

 
 
Rien à voir avec le présent post et, ne vous inquiétez pas, j'aurais l'occasion d'y revenir, je vous livre l'endroit où, à compter du dimanche 1er septembre 2013, vous découvrirez mon nouveau et mastodonte projet bloguistique :
 
 
C'est pour l'instant inaccessible mais ça ne durera pas !
Quand à la "ligne éditoriale", je ne vous en dis pas plus mais ce n'est pas bien compliqué...

jeudi 27 juin 2013

Monsieur Williams n'est pas une Poire...

Paul Williams "Just an Old Fashioned Love Song" (1971)
ou "Fantôme sans Paradis"


Comment ça vous ne connaissez pas Paul Williams ? Vous n'avez donc jamais vu Phantom ot the Paradise de Brian de Palma où, non content de personnifier Swan, le gnomique méchant du film, il est actuellement le compositeur de la partition et l'interprète de quelques chansons (celles chantées par le gentil) ? Dans le genre carte de visite, il y a pire, reconnaissons.

Just an Old Fashioned Love Song prédate de trois ans le fait d'arme le plus connu de l'interprète et compositeur, la fameuse BO. C'est, déjà !, le 5ème album de Paul Williams en groupe ou en solo et une galette, je pèse mes mots, au charme contagieux.

Charme qui doit beaucoup à la voix fragile et la plume délicate de Mr. Williams qui s'y entend pour conter de simples histoires d'amour (souvent tristes) avec la sensibilité et la délicatesse nécessaires pour ne pas sombrer dans la pire sensiblerie, le plus affreux pathos. Il est bien aidé, en la circonstance, par un ensemble de musiciens totalement dévoués à sa cause au premier desquels on citera (parce que c'est sans doute le plus connu aujourd'hui) le West Coast jazzman Tom Scott également arrangeur de près de la moitié des compositions.

Pas que ça ne tire en quoique ce soit l'album vers le jazz, un tout petit peu sur le morceau titre et c'est tout. Musicalement, nous sommes dans la droite lignée d'un Neil Diamond, d'un Harry Nilsson ou d'une Carole King soit une pop rock douce amère typiquement étasunienne qui vaut surtout pour la qualité de ses mélodies et de son interprétation parce que, sinon, avouons la performance est d'un extrême classicisme. De fait, Just an Old Fashioned Love Song est de ces albums qui paraissent évidents dès la première écoute, où des mélodies faussement familières nous prennent pour ne plus nous lâcher. Ca parait tout bête, les artistes qui parviennent à cet extraordinaire résultat ne sont pourtant pas légion.

Un album profondément humain d'un auteur/compositeur/interprète qui vaut mieux, plus que sa seule participation à Phantom of the Paradise. Chaudement recommandé.


1. Waking Up Alone 3:40
2. I Never Had It So Good 4:31
3. We've Only Just Begun 3:18
4. That's Enough for Me 5:16
5. A Perfect Love 2:24
6. An Old Fashioned Love Song 3:12
7. Let Me Be the One 2:59
8. Simple Man 2:10
9. When I Was All Alone 3:33
10. My Love and I 3:49
11. Gone Forever 4:05


Paul Williams - vocals
Craig Doerge - acoustic & electric piano
Michael Utley - organ
David Spinozza - acoustic & electric guitar
Bobbye Hall Porter - percussion
Ross Kunkel - drums, percussion
Rick Marotta - drums
Leland Sklar, John Mondragon, Jack Conrad - bass
Charles Lackey - acoustic bass
Tom Scott - tenor saxophone, flute, clarinet
Gene Cipriano - oboe, tenor saxophone, woodwinds
Bob Brookmayer - trombone
Al Aarons - trumpet
Dick Hyde - tuba
Paul Shure, Marv Limonick - violin
Milt Thomas - viola
Edgar Lustgarten - cello
Teddy Boy Friesen, Daffy Jackson, The Hobbit - kazoo

Paul Williams

mardi 25 juin 2013

Bobby 'Blue' Bland (1930-2013)

 
23 juin 2013, Bobby Blue Bland meurt.

Le soul/bluesman, chanteur et harmoniciste de grande classe, s'est éteint des suites d'une longue maladie en son domicile de Memphis, Tennessee.

Connu surtout pour le standard Further On Up the Road (repris par Eric Clapton qui y gagnera un tube) ou la première interprétation de Ain't No Love in the Heart of the City ainsi que pour sa collaboration avec BB King, c'est une figure majeure du blues de Memphis qui disparait.

Il avait 83 ans.

R.I.P.

Further On Up the Road
 
Ain't No Love in the Heart of the City
 

Avec BB King

lundi 24 juin 2013

It's a Party!


V/A "It's a Party!" ou
"Quand y en a plus, y en a encore !"
(Le Zornophage, 2013)

Le bonus hors-jeu qu'on n'attendait pas ! 18 titres PARTYsants pour prolonger encore un peu la fête  d'un Grand Jeu qui n'avait jamais été si beau, si grand, si fort... Il y aurait eu Jeepeedee, Keith Michards et DAMned (et  ceux que j'oublie sans doute, c'est l'âge !) pour s'y joindre que la fête aurait été complète.

Comme elle était donc belle et en attendant la prochaine édition (septembre ? octobre ?), voici une petite collection festive (et pas que ! ;-)) avec des musiques de tous horizons, toutes époques et toutes origines géographiques. Le genre de beau bordel savamment organisé auquel je vous ai habitué, quoi.

J'espère que vous apprécierez.

...Enjoie !


01. Alain Markusfeld "Fiesta Atomica" 3:39
02. Michel Fugain et le Big Bazar "La Fête" 3:03
03. The Brides of Funkenstein "Party Up in Here" 5:30
04. The B-52's "Keep the Party Going" 4:30
05. Jacques Dutronc "Le Roi de la Fête" 3:42
06. Ted Nugent "Magic Party" 2:53
07. Marc Ribot y los Cubanos Postizos "Fiesta en el Solar" 5:04
08. The Upsetters "Party Time (Part 2)" 4:32
09. Blo "We Gonna Have a Party" 3:23
10. Starshooter "Betsy Party" 3:12
11. Offre Spéciale "Jour de Fête" 2:38
12. Dent May & His Magnificent Ukulele "You Can't Force a Dance Party" 2:21
13. Birdpaula "Picnic Party" 3:15
14. Marvin Gaye & Tammi Terrell "Two Can Have a Party" 2:11
15. Alan Stivell "Q Celts Fiesta" 3:34
16. Bob Marley & the Wailers "Punky Reggae Party" 5:27
17. Les Garçons Bouchers "La Fête, la Joie" 3:09
18. Aaron Bell Trio "After the Party Blues" 6:09

Jeepeedee y-es-tu ?


Il nous avais promis qu'il participerait au Grand Jeu, il nous avait alléché avec une série spéciale Queens of the Stone Age, il se dit même qu'il aurait promis de se mettre au Peter Gabriel !!!  Et puis... PLUS RIEN !!!

Depuis le 22 mai, Jeepeedee a totalement disparu de la circulation laissant, horreur !, son blog aux mains d'un estranger. IL FAUT QUE CA CESSE !!!

Alors, voilà, je me lance dans une mission : retrouver Jeepeedee et le forcer à re-riper parce qu'il nous le doit... J'irais même jusqu'à lui imposer de reprendre un par un les thèmes du 6ème grand jeu et de nous offrir (même en retard) sa précieuse contribution... Non mais des fois !

Oui mais, pour ce faire, il faut retrouver l'animal, sans doute parti se terrer dans quelque sous bois avec une caisse de gueuze, des paquets de spéculos, son harmonica et sa guitare acoustique, à reprendre du Roy Harper ou du Bob Dylan ou allez savoir quelle autre horreur... Alors je vous le demande :

Où est Jeepeedee ???
 
Merci d'avance de votre participation à cette "traque" de la plus haute importance bloguistque.

dimanche 23 juin 2013

Pour revenir sur William et fermer en beauté...

Ben voilà, avant de refermer boutique avant le prochain jeu (pas forcément le Grand Jeu d'ailleurs, si d'autres initiatives se font jour, j'en serai probablement), je ne pouvais décemment pas vous laisser sans profiter de l'aubaine de revenir sur le cas d'un artiste français qui continue de m'épater et de me passionner... William Sheller, ici avec une œuvre de jeunesse tout simplement magnifique !

William Sheller "Lux Aeterna" (1972)
ou "Sheller avant Sheller"

Un album unique dans la carrière de William Sheller qui compose ici une messe pour le mariages d'amis rencontrés alors qu'il composait la bande originale du film "Erotissimo". Lux Aeterna démontre que, chez le jeune William, il y a déjà toutes les cartes qui en font l'artiste capable d'assimiler la musique classique, la pop et la chanson française pour créer son propre style.

Composé en 1969, Lux Aeterna n'est donc pas une œuvre "courante" de la carrière de William Sheller. Influence de son époque, l'album a des atours profondément psychédéliques tout en dévoilant les racines classiques du compositeur. Le soutien d'un chœur, la qualité des arrangements et des compositions, le souffle lyrique de l'ensemble font de Lux Aeterna, qui n'eut aucun succès à sa sortie en 1972, une première pièce maîtresse de la carrière d'un artiste en devenir mais qui devra encore patienter quelques années et l'improbable novelty hit "Rock'n' dollars" et son album correspondant pour, en 1975, enfin rencontrer un succès ô combien mérité.

Philips, label de William Sheller, profitera d'ailleurs de cette reconnaissance naissante pour rééditer Lux Aeterna qui, sans doute trop atypique et éloigné de son album d'alors, n'eut que peu de retentissement. Cependant, temps passant et bouche à oreille fonctionnant, l'album deviendra culte et continue d'épater tous ceux qui le découvrent et ont une vision rétrécie et ô combien partielle de l'art de M. Sheller.

C'est avec grand plaisir que je vous invite à découvrir le vrai bonheur que constitue cette œuvre hybride et passionnante d'un Sheller avant le Sheller que nous connaissons aujourd'hui.


Lux Aeterna
1. Introit 3:22
2. Ave frater, rosae et aurae 4:25
3. Opus Magnum - Part 1 2:47
4. Opus Magnum - Part 2 3:09
5. Lux Aeterna 1:29
6. Sous le Signe des Poissons 5:57
7. Hare Krishna 6:21
8. Sous le Signe du Verseau 6:44

Bonus
Les Péchés de Jeunesse
Je vous inclus les bonus de ma version (provenant de la presque intégrale, parce que plus toute jeune, "Chemins de Traverse"), soit les premiers ébats de Sheller dans le business musical post-yé-yés de la France de la fin des 60s et du début des 70s. C'est plus anecdotique qu'essentiel, une curiosité... Enjoie !
9. My Year Is a Day (par Les Irrésistibles) 3:03
10. Couleurs 2:11
11. Les 4 Saisons 3:44
12. Leslie Simone 2:51
13. Adieu Kathy 2:19
14. She Opened the Door 3:00
15. Living East Dreaming West 3:20


A la revoyure !!!

samedi 22 juin 2013

Grand Jeu 6ème Edition, 7ème et Dernier Tour : La fête de fin de jeu

La fête de fin de jeu
On va pas se quitter triste, allez ! Maquillage, paillettes, déguisements et cotillons... on va s'éclater.
 
J'sais pas vous mais, moi, les fêtes où tout se passe exactement comme prévu m'emmerdent prodigieusement. Alors vous ne m'en voudrez pas si les deux cds que j'ai choisi sèment un peu la pagaille... En arrivant sur les lieux, au Club !, je les glisse dans la pile fournie par tous les mangeurs de disques sous le regard inquisiteur de Jimmy qui ne manque pas l'occasion de me rappeler que c'était un par personne... Pourtant, il devrait me connaître Jimmy, et puis, je suis venu avec mon mari, Keithounet, qui, s'il n'a pas participé au jeu a bien le droit de participer à la fête, non ? Allez, LET'S PARTY!!!

 
Mr Bungle "Mr Bungle"

C'est toujours la première idée qui est la bonne et, à la découverte du thème, cet album s'étant immédiatement imposé, il m'a été impossible de résister. Comme j'en avais déjà parlé dans la Caverne d'Ali Baba, je recycle :

"Rares sont les albums et les groupes qui auront aussi bien réussi la synthèse entre metal extrême (death et thrash en l'occurrence), le ska, le jazz et bien d'autres choses encore...

Formé en 1985, il aura fallu attendre 1991 et le succès de son vocaliste au sein de Faith No More pour qu'enfin Mr. Bungle décroche le contrat qui lui permettrait de cracher à la face du monde son plus complet irrespect de l'écriture pop et du conformisme. Et c'est très bien comme ça tant ces 70 minutes de pure folie sont un régal de tous les instants.

Si, évidemment, cette musique chaotique ne se digère pas aisément, elle sait - une fois qu'on l'a correctement domestiquée - se faire ludique et même étonnamment mélodique. Cette impression de bordel absolu qui ne manquera pas d'atteindre l'auditeur novice à sa première écoute fait ainsi, petit à petit, place à une admirative sidération devant des compositions qui, au final, s'avèrent beaucoup plus structurées et mélodiques qu'il n'y avait paru à l'origine. Et c'est bien là que réside tout le talent de Mr. Bungle sur cet éponyme tour de force : si la folie de l'entreprise ne sera jamais démentie au fil des écoutes les chansons, elles, se révèlent dans toute leur grâce bizarroïde pour ne plus vous quitter. Car oui, addictif, cet album l'est indéniablement.

Rajoutons que sans cet album et la rencontre (au sommet) entre Mike Patton et Trevor Dunn (respectivement chanteur et bassiste du groupe) et un chantre de l'avant-garde new-yorkaise venu ici produire (John Zorn) ne se serait peut-être jamais produite. Sans cette collaboration, la face d'une certaine scène, dont votre serviteur est particulièrement friand, en aurait été changée. Rien que pour ça, mais aussi pour son rôle d'ouvreur-de-neurones, le premier album de Mr. Bungle est absolument indispensable... Que dis-je, obligatoire. Vous savez ce qu'il vous reste à faire. "

Voilà, tout ça nous fait une bien étrange fête où, n'en doutons pas, nous croiserons quelques étranges créatures... Comme ce fut le cas tout au long du Grand Jeu...

Enjoie !


2. Slowly Growing Deaf 6:58
3. Squeeze Me Macaroni 5:38
4. Carousel 5:13
5. Egg 10:39
7. My Ass Is on Fire 7:47
8. The Girls of Porn 6:42
9. Love Is a Fist 6:00
10. Dead Goon 10:02


Trevor Dunn - Bass
Danny Heifetz - Drums
Mike Patton - Vocals, Keyboards
Trey Spruance - Guitar, Keyboards
Theo Lengyel - Saxophone
&
John Zorn  Producer, Saxophone
David Shea - Turntables
Jennifer - Background Vocals
Kahli - Background Vocals
Maximum Bob - Background Vocals


alternate take:
The Von Durden Party Project "Death Discotheque" (2008)


Oui, je sais, "La Frite !", pour un groupe belge, c'est pas très finaud comme titre mais c'est exactement ce que m'inspire le premier album des petits gars de The Von Durden Party Project.

Originaire de Louviers, le quintet nous propose ici une formule simple et cohérente et, surtout, particulièrement efficace, où stoner rock et pop metal copulent... souvent pour le meilleur.

Du premier, ils conservent un gout pour le riff sale et la rythmique plombée mais groovy. Du second, ils apportent des hooks mélodiques et une légèreté bienvenue. Et il n'en faut pas plus pour faire de Death Discotheque une sympathique et dynamique galette avec ses morceaux phares (Dance to the Music, Waiting for My Baby, In V, Vega Veritas) et d'autres qui font aussi leur petit effet s'ils se gravent moins aisément, immédiatement dans notre mémoire.

Si vous êtes curieux de ce que la rencontre entre Mötley Crüe ou Poison et Queens of the Stone Age pourrait bien donner, penchez vous sur le réussi premier opus de The Von Durden Party Project, vous aurez la réponse !... et la frite !


1. Intro 0:50
2. Running with Scissors 3:24
4. Color of the Shape 2:32
5. Love Goes Around 4:24
6. Money Cash 2:24
7. Waiting for My Baby 3:29
8. Durdance Floor 1:58
10. In V,Vega veritas 5:09
11. The Dragon 3:49
12. Danger! 21 Hits! 1:30
13. Dance to the Music (electronica mix) 2:49
 
 
Elliott Charlier - vocals
Kevin Dochain - guitars
Nicolas Scamardi - drums
Vince Lattuca - bass
Tony Bambinelli - keys
 
PS : si vous êtes intéressés par la suite des aventures de ces sympathiques cousins d'outre-Quiévrain, deux albums existent sous leur nom désormais raccourci à Von Durden.

vendredi 21 juin 2013

...Mais les vieux rockers ont la dent dure (anti-bonus)

Black Sabbath "13 - Deluxe Edition" (2013)
ou "Papy fait de la résistance"

Black Sabbath is back! Le vrai (enfin presque) avec Ozzy, Geezer et Tony (mais pas Bill Ward, c'est physique la batterie alors c'est le Rageux Machineur Brad Wilk qui prend le relais). A la prod', ça devient une habitude quand on revient aux sources (musicales comme commerciales, voir Metallica ou ZZ Top récemment), c'est Rick "jamais sans mes shades" Rubin dont on espère qu'il a fait plus que maugréer derrière la console en mangeant des chips cette fois (wink wink à Greg Fidelman, ingé-son qui porte bien son nom !).

Bon, trêve de mauvais esprit, Black Sabbath is back! crénonvindiou ! Et, vu les inquiétantes nouvelles concernant la santé de son inamovible compositeur/guitariste, Tony Iommi, seul membre du groupe à avoir honoré de sa présence toutes les formations, c'est un bonheur rare auquel on risque de ne va pas devoir trop s'habituer... Ca ressemblerait même à la dernière salve du vieux soldat, mais un vieux soldat encore furieusement vaillant ! Parce qu'il dépote bien ce 13 !

Bien évidemment, c'est de Black Sabbath (le style musical) dont il s'agit, soit ce qu'une jeune pousse appellerait volontiers du proto-doom/psychedelic heavy rock ou quelque chose du genre (vous connaissez les jeunes, toujours à vouloir faire leurs intéressants !). Plus prosaïquement c'est par l'alliance des riffs d'albâtre d'un rythmicien six-cordés expert, d'une basse lourde et dense et d'un marteleur à la fois heavy et tribal (qui amène un certain groove, donc) que s'opère la magie. Il n'y manque plus que l'organe si particulier d'un Osbourne peut-être trépané mais encore vocalement viable (sur des paroles exclusivement de Geezer, ceci se devait d'être précisé) et les mélodies qui vont bien avec pour que l'affaire soit dans le sac...Elle l'est !

Pour le coup, la vraie surprise de 13 c'est de ne pas en rencontrer la moindre, c'est de Black Sabbath pur jus dont il s'agit comme l'annonce clairement End of the Begining au riff si cousin de Black Sabbath, première composition du premier album de Black Sabbath, que le clin d'œil, loin d'être délicat, n'aura échappé à personne. Ca a, au moins, le mérite de marquer clairement les intentions éminemment revivalistes de la galette. Ceci dit, c'est une bonne compo, avec d'excellentes interventions d'Iommi soliste et une tonalité qu'on dirait stoner rock s'il ne s'agissait de Black Sabbath qui sont arrivés avant et sont même à (à minima co-)créditer de la paternité du genre... Faut pas déconner, quoi !

God Is Dead? confirme l'inclinaison 70s stoner doom dans une composition qui s'éloigne du format chanson puisque construite en plusieurs mouvements qui ne se répèteront pas. L'effet en est étrange et inhabituel mais si bien habité par les riffs et, surtout !, un Ozzy créateur d'ambiance de toute première bourre qu'on valide dès la première écoute. En vérité, dans le genre, on imagine pas d'autre formation maîtriser aussi bien l'exercice et réussir nous tenir en haleine pendant près de 9 minutes.

Ha oui, c'est une autre constance de l'album, les chansons y sont longues (3 autour des 5 minutes, les 5 restantes au-delà des 7) sans en donner pour autant l'impression... Parce que Black Sabbath ne cherche pas sciemment à  rallonger la sauce, défaut qu'on a pu régulièrement constater chez deux autres légendaires formations de heavy metal, Iron Maiden et Metallica nommément. Black Sabbath développe ses ambiances, laissent le naturel, le hasard avoir voix au chapitre et les porter là où ils doivent, comme ils doivent.

Mais revenons à nos moutons et au passage en revue des forces vives de l'opus. Loner y tient le rôle du Paranoid nouveau (ça groove, ça dépote, un peu moins violemment qu'à l'époque mais bien comme il faut). Zeitgeist celui du nouveau Planet Caravan soit de la belle ballade acoustique qui permet de respirer juste ce qu'il faut avant de replonger dans le magma brûlant du heavy metal. Zeigeist est très bon d'ailleurs, avec de jolies guitares acoustiques, quelques discrètes percussions et une mélodie typique d'Ozzy dans ce genre d'exercice. Impeccable.

Etc. parce que la suite continue de décliner les cannons des travaux du Black Sabbath circa 1969/72. Pas idiot d'ailleurs de miser sur ses forces bien connues, de brosser l'auditeur dans le sens du poil en lui donnant exactement ce qu'on savait qu'il attendait... De là à y réussir, c'est une autre histoire. Présentement, aucun morceau ne déçoit vraiment. Allez, j'aime un tout petit peu moins Live Forever, c'est facilement contrebalancé par, au hasard, un  Damaged Soul bluesy et jammy du plus bel effet où Ozzy ressort même l'harmo et Iommi rappelle aux oublieux le grand soliste qu'il sait être... Lovely! Et puis, au final, 7 satisfactions sur 8, c'est déjà énorme !

Formellement, on regrettera juste (mais c'est vraiment pour pinailler !) la production un poil monolithique de Rubin dont la nuance n'est pas le fort, c'est acquis, y a qu'à entendre la pluie et la cloche de fin, re-clin d'œil appuyé pour ceux qui n'auraient pas compris, alors qu'ils arrivent au bout de l'album, que la boucle est bouclée. Sans gâcher un tableau quasi-idyllique, le travail accompli par Rick n'est définitivement pas le point fort d'un 13 sinon fort recommandable.

Evidemment, il y aura toujours quelques mauvais-chagrins pour pointer l'opportunisme commercial de l'entreprise, ceux-là n'y verront qu'une grossière approximation du légendaire trademark sound du combo... Laissons-les parler, Black Sabbath is back! et dans une si belle forme qu'on ne boude pas son plaisir et salue, comme il se doit, la splendide performance de trois papys finalement encore très verts... En souhaitant la voir bientôt renouvelée, on peut toujours rêver !

PS: Version deluxe, trois morceaux de plus ! Pas de blablas des résultats ! Trois compositions pour prolonger l'expérience. Les rejects de 13 ? Possible mais ce n'est pas si mal avec pour commencer, Methademic qui trompe son monde avec une petite intro acoustique avant de se muer en gros heavy lourd (et rapide pour du Black Sabbath). Suit Peace of Mind qu'on croirait, avec son riff détourné de Sabbra Cadabra, échappé des outtakes de Sabbath Bloody Sabbath, mineur mais efficace. Last but not least, Pariah, son riff et son groove de la mort n'apportent rien de plus qu'un piqûre de rappel de ce que savent faire ces grands anciens. Comme les autres titres de ce bonus disc, on est juste en deçà du niveau de 13 mais suffisamment proche pour ne pas regretter le (petit) investissement supplémentaire.

1. End of the Beginning 8:05
2. God Is Dead? 8:52
3. Loner 4:59
4. Zeitgeist 4:37
5. Age of Reason 7:01
6. Live Forever 4:46
7. Damaged Soul 7:51
8. Dear Father 7:20
bonus
9. Methademic 5:57
10. Peace of Mind 3:40
11. Pariah 5:34


Tony Iommi – guitar, acoustic guitar on "Zeitgeist" and "Methademic"
Ozzy Osbourne – vocals, harmonica
Geezer Butler – bass guitar
&
Brad Wilk – drums, percussion



Supplément (pour les afficionados de Hard'n'Heavy seulement !):
Pretty Maids "Motherland" (2013)
ou "Vieux viking au cœur vaillant"

J'ai toujours eu une tendresse particulière pour les danois de Pretty Maids, groupe mineur au demeurant mais capable de produire de belles galettes de metal mélodique comme leur doublette d'ouverture, Red Hot & Heavy (1984) et Future World (1987) ou, plus tard, l'impeccable Spooked (1997). Cette affection date en fait de 1987 quand je les vis (en tête d'affiche !) dans un Zénith parisien à moitié plein (ou vide pour le pessimiste) pour une prestation de qualité. C'était pour l'album Future World et le groupe était alors au sommet de sa gloire.

De l'eau à coulé sous les ponts depuis et ce qu'il reste du groupe, le guitariste Ken Hammer et le chanteur Ronnie Atkins deux seuls membres restants des débuts du groupe rejoint par trois "nouveaux" camarades de jeu "collectés" en ce nouveau millenium, sort en 2013 son 13ème album en trois décennies qui s'appelle Motherland et rivalise avec les plus belles heures du groupe, ce n'est pas rien.

En fait, on a souvent l'impression ici que Pretty Maids tente ici de nous refaire le coup de Future World. Et tout est là pour corroborer cette impression : alternance de compos heavy mid-tempo, power ballads et morceaux presque AOR aux refrains super-accrocheurs, riffs et soli qui ne cherchent pas midi à quatorze heure ni la réinvention de la roue, claviers omniprésents qu'on croiraient tout droit sortis des 80s et, bien sûr, emballage obligatoire, une production rutilante (voire un poil clinquante) qui colle parfaitement à ce genre d'exercice. A croire que nos danois ont senti le vent revivaliste souffler et tentent de s'immiscer dans la brèche... Mais ils le font bien avec une collection de compositions solides à défaut d'être exceptionnelles qui, chacune dans son domaine, remplissent parfaitement leur office. J'ai personnellement beaucoup apprécié le déboulé furieux de The Iceman, salutaire montée de sève sur un album qui n'en manque pas et que c'est très bien comme ça parce que nos Vikings font ça vraiment très bien (voir Hooligan ou Motherland, le titre, un peu plus loin).

Les amateurs du genre, nul doute !, en ressortiront avec des étoiles plein les yeux et d'immédiates envie d'encore qu'on ne leur contestera pas. En ce qui me concerne, j'y suis légèrement resté sur ma faim sans doute parce que mes goûts se sont depuis distanciés de ce genre de Heavy Metal, sans doute aussi parce que la recette revivaliste, pour rondement menée qu'elle soit par un groupe dont on niera nullement l'immense professionnalisme, parait un peu forcée pour être tout à fait honnête.

Allez, on va dire que je vois le mal partout et je concède volontiers ne connaître que trop mal le parcours récent du groupe pour en appréhender pleinement l'évolution... Et puis, en remisant son cerveau les 55 minutes que dure l'album, l'affaire passe comme un charme et on a même, pour les "vieux" comme moi, fugitivement un goût de madeleine proustienne parce que, définitivement !, pour Pretty Maids, Hier est Aujourd'hui et nous sommes aujourd'hui en 1987. Ca vous tente ?

1. Mother of All Lies 4:44
2. To Fool a Nation 4:33
3. Confession 1:40
4. The Iceman 3:56
5. Sad to See You Suffer 4:41
6. Hooligan 3:49
7. Infinity 3:56
8. Why So Serious 4:18
9. Motherland 3:35
10. I See Ghosts 3:38
11. Bullet for You 4:07
12. Who What Where When Why 4:03
13. Wasted 5:07


Ronnie Atkins - Vocals 
Ken Hammer - Guitars 
Shades - Bass 
Morten Sandager - Keyboards 
Allan Tschicaja - Drums 

jeudi 20 juin 2013

Grand Jeu 6ème Edition, 6ème Tour : La maturité n'attend pas le nombre des années

La maturité n'attend pas le nombre des années
Précoces ou tardifs, étoiles filantes ou confirmations, la musique a produit des petits génies à tous les âges.
 
Deux pour le prix d'un parce que je sais que certains rechignent au rock prog et que d'autres sont allergiques au jazz... En plus, entre la bête de conservatoire et l'autodidacte, nous avons deux parcours très différents. Bref, on met les petits plats dans les grands ! Enjoie ! 
 
Buddy Rich "This One's for Basie" (1956)
ou "Beat that drum, little white boy"

Forcément, pour devenir l'extraordinaire artiste percussif qu'on connait en Buddy Rich, il faut plus qu'une simple prédisposition naturelle, il faut travailler !

Ceci dit, avoir des parents, Bess et Robert, donnant dans la revue de Music-Hall, qui repèrent chez vous une tendance à taper sur tout ce qui se présente en rythmes cohérents, pas de doute, ça aide. Et quand, en plus, lesdits parents vous intronisent petit singe savant de leurs spectacles et vous y incluent dès vos 1 an... On peut dire que le pli est pris. Enfant de la balle un jour, enfant de la balle toujours.

De fait, Buddy ne lâchera plus ses baguettes devenant même leader de sa propre formation dès l'âge de 11 ans... Le Mozart des peaux, en somme, pourtant sans apprentissage théorique et technique en conservatoire ou avec un professeur... Rien de tout ça pour Buddy le self-made man du rythme et prodige de son propre droit.

Bien sûr, Buddy ayant alors 39 ans, on n'en est plus là quand sort en 1956 son album hommage au grand Count Basie, son dixième album en tant que leader/co-leader mine de rien. Sur This One's for Basie, exercice de West Coast Jazz de fort belle  qualité où, il faut le dire, Buddy est bien entouré entre autre par le saxo/flûtiste Buddy Collette et le pianiste Jimmy Rowles, c'est indéniablement à un grand professionnel auquel nous avons affaire.

Stylistiquement, qui dit West Coast Jazz dit swing & cool comme vous le savez sans doute et, pas de surprise, c'est exactement ce que nous propose ce tribute avec, évidemment vu l'identité du leader, suffisamment d'acrobaties rythmiques (de soli, quoi !) pour contenter les fans mais, surtout !, une conception non-élitiste et décontractée de la chose rendant accessible à tous ou presque (forcément, si le jazz vous donne des boutons, vous repasserez !) un jazz chaud et ensoleillé. Un album tout bête en somme, et supra efficace, où des compositions du Count, ou d'autres qui figuraient régulièrement au répertoire de son Big Band, sont jouées et respectueusement modernisées à l'aulne de cette nouvelle tendance Angelina par des zicos experts s'y amusant visiblement beaucoup et communicant sans peine leur plaisir de jouer tout court et de jouer ensembles surtout. Et ce ne sont pas les arrangements smooth & cool de Marty Paich (père de David Paich de Toto, bon sans sait finalement mentir) qui viendront noircir cet idyllique tableau.

This One's for Basie, album diablement bien troussé avec des performances de grande classe de chaque instrumentiste (Buddy en particulier), est en fait si réussi que même l'amateur de free jazz aura du mal à ne partager son swing communicatif et ses mélodies imparables... Du tout bon, vous dis-je !


1. Blue and Sentimental 4:49
2. Down for Double 4:10
3. Jump for Me 5:45
4. Blues for Basie 7:20
5. Jumpin' at the Woodside 6:26
6. Ain't It the Truth 3:01
7. Shorty George 5:14
8. 9:20 Special 4:34


Buddy Rich - drums
Pete Candoli - trumpet
Harry "Sweets" Edison, Conrad Gozzo, Frank Rosolino - trombone
Buddy Collette - flute, baritone saxophone, tenor saxophone
Bob Enevoldsen - tenor saxophone, valve trombone
Bob Cooper - tenor saxophone
Joe Mondragon - double bass
Bill Pitman - guitar
Jimmy Rowles - piano
Marty Paich - arranger



alternate take:
Rick Wakeman "The Six Wives of Henry VIII" (1973)
ou "Mozart in Kitsch"


On connait Rick Wakeman pour sa contribution à la période faste de Yes, ses sessions avec Black Sabbath (Sabbath Bloody Sabbath) ou David Bowie (Le mellotron de Space Oddity, c'est lui !), son Journey to the Center of the Earth et, bien évidemment, ce Six Wives of Henry VIII, premier vrai album d'une carrière qui verra les plus grandes extravagances instrumentales mais aussi la pompe et le mauvais goût les plus absolus.

Né en 1949, musicien accompli dès son plus jeune âge, c'est dès 12 ans qu'en parallèle avec une éducation de conservatoire classique, Rick Wakeman s'intéresse au développement d'alors nouveaux instruments : les synthétiseurs. A 20 ans, en 1969, alors qu'un avenir de concertiste lui faisait de l'œil, il fait définitivement le choix de la pop (rock et prog') music et commence à travailler comme session man pour (en vrac) David Bowie, T Rex, Cat Stevens, Elton John (pour ne citer que les plus connus) avant de rejoindre le groupe de folk progressive The Strawbs pour une pige d'un an et demi en profitant, au passage, pour enregistrer son premier album en tant que membre à part entière d'une formation avec Dragonfly. Engagé en remplacement d'un Tony Kaye n'adhérant pas à la nouvelle direction plus complexe et aventureuse de son groupe (ou n'ayant pas le niveau requis, selon à qui vous demandez), il rejoint Yes en 1971 avec le succès et la reconnaissance qu'on connait.

Sa carrière solo commence en 1973 par le présent album et un coup de bol cosmique à peine croyable : prévu pour une performance de lancement sur la BBC 2, il aurait du connaitre la concurrence d'un documentaire sur Andy Warhol prévu sur ITV et fébrilement attendu mais qui, pour des raisons de censure, fut banni d'antenne et remplacé par un re-run d'un programme quelconque. Se retrouvant ainsi sans réelle concurrence, la performance attire 10 millions (!) de téléspectateurs et lance par la même l'album et la carrière solitaire de Wakeman sous des auspices ô combien favorables.

Et ce n'est finalement que mérité étant donné la qualité de ce Six Wives of Henry VIII, brûlot de rock progressif virtuose de toute première bourre. Evidemment, les divers pianos, orgues et synthétiseurs utilisés par le Maestro sont à l'honneur, rien que de très logique considérant qu'il s'agit de l'album solo d'un claviériste connu pour son goût de l'exubérance instrumentale et un égo bien développé, ça n'empêche pas Wakeman de s'être bien entouré (n'oubliant pas ses amis de Yes quasiment tous invités si dans des rôles subalternes) et d'offrir quelques courtes interventions à ses comparses qui le méritent bien.

Quand à la performance compositionnelle et instrumentale du sieur Wakeman lui-même, elle est évidemment bombastique et autosuffisante mais, aussi, ce qui la sauve, mélodiquement accessible. Parce que Wakeman, outre savoir faire courir ses mains et agiter sa cape et sa longue et blonde chevelure lors d'impossibles soli, est aussi un compositeur de classe qui, sur un thème anglais jusqu'à la racine, exploite son background Yessien avec intelligence. Evidemment, album instrumental oblige, on est obligé de croire sur paroles les intentions du compositeur quand à la relation avec le thème supposé, ça n'en minore toutefois nullement le plaisir et, après tout, si vous voulez vous dire que ce sont les Six Meilleurs Spot de Surf ou les Six Plus Beaux Grand-Huit, grand bien vous en fasse !

Le petit drame de l'album (et de Wakeman conséquemment) c'est qu'il demeure aujourd'hui la pièce la plus réussie de son répertoire, parce qu'à l'époque Rick avait su jusqu'où ne pas aller trop loin.


1. Catherine of Aragon 3:44
2. Anne of Cleves 7:53
3. Catherine Howard 6:35
4. Jane Seymour 4:46
5. Anne Boleyn 6:32
6. Catherine Parr 7:06


Rick Wakeman - Minimoog, Mellotrons, Frequency counter, Steinway 9' grand piano, Hammond C-3, electric piano, harpsichord, ARP synthesiser, Church organ

&

Catherine of Aragon:
Bill Bruford
- drums
Ray Cooper - Percussion
Mike Egan, Steve Howe - guitar
Chris Squire, Lee Hurdle - bass guitar
Judy Powell, Barry St. John, Liza Strike - vocals

Anne of Cleves:
Mike Egan
- guitar
Dave Winter - bass guitar
Frank Ricotti - percussion
Alan White - drums

Catherine Howard:
Dave Cousins
- electric banjo
Chas Cronk - bass guitar
Dave Lambert - guitar
Frank Ricotti - percussion
Barry de Souza - drums

Jane Seymour:
Alan White
- drums

Anne Boleyn:
Bill Bruford
- drums
Ray Cooper - percussion
Mike Egan - guitar
Lee Hurdle - bass guitar
Laura Lee, Sylvia McNeill, Liza Strike - vocals

Catherine Parr:
Mike Egan
- guitar
Frank Ricotti - percussion
Dave Winter - bass guitar
Alan White - drums

mercredi 19 juin 2013

Anti-bonus : Francophilie.

Deux exemples de francophilie par (vous ne serez pas surpris) John Zorn ! Rien à voir avec le thème d'hier, donc. Quoique...

John Zorn "Duras: Duchamp" (1997)
ou "Parce qu'il n'est nul besoin d'être français..."


Ni la plus tonitruante ni la plus exigeante de l'auditeur, Duras:Duchamp propose un John Zorn contemporain mélodieux et plutôt  accessible. Mais entrons dans le détail :

Double dédicace et deux partitions donc. La première en hommage à l'écrivaine Marguerite Duras et qui porte son nom, l'autre pour le plasticien surréaliste Marcel Duchamp, plus précisément pour sa dernière œuvre marquante, le ready-made Etant Donnés (1966).

Duras, comprenant deux longues pièces et deux courtes saillies, est la plus apaisée et mélodique des deux. Presque ambiante par moments, elle semble évoquer la sensualité sudatoire de L'Amant, texte phare de la bibliographie de Marguerite Duras. (effroyablement retranscrit au cinéma par un Jean-Jacques Annaud qu'on a connu plus inspiré, ceci dit en passant). Petit détail qui tue (et participe au sel de l'entreprise), en complément de la musique, on entend régulièrement divers bruitages (celui d'une plume glissant sur le papier, de l'aiguisage de couteaux, etc.) conférant un aspect encore plus organique et biographique à une partition souvent contemporaine voire abstraite, avec ses vibraphones et cloches hypnotiques, son orgues quasi-liturgique, ses interventions de violons rêveurs, flottants, mais toujours étonnamment accessible (surtout quand, sans crier gare, elle glisse dans une sorte piano jazz brasileiro) et définitivement gracieuse.

Forcément, avec son inspiration routée dans les délires pataphysiques et surréalistes de Marcel Duchamp, Etant Donnés (sous titré d'un juste "69 paroxysmes pour Marcel Duchamp") est nettement plus chaotique et rigolarde si elle ne s'approche qu'à distance respectueuse des inclinaisons cartoonesques souvent démontrées par le compositeur. D'apparence aussi humoristique que par, par exemple Cat O'Nine Tails (pour quatuor à cordes), c'est un enchainement plus bruitiste et fracturé que réellement musical mais pas pour autant incohérent. Iconoclaste et irrévérencieuse, ce n'est certes pas le genre de pièce qui gagnera une nouvelle audience à Zorn mais elle fonctionne, en l'espèce, aussi bien auditivement qu'une machine molle de Dali. sans doute grâce à l'imagination de son compositeur et la maîtrise de trois (excellents) instrumentistes dévoués à ce délire hors du commun.

A force de le dire on va finir par ne plus me croire mais, une fois encore, c'est à une pleine et entière réussite à laquelle nous avons droit avec ce Duras:Duchamp béni des dieux. On tient peut-être même là la pièce idéale d'introduction à l'univers contemporain de John Zorn via une œuvre mélodique et émotionnelle tout en restant intellectuellement imposante. Une réussite, vous dis-je !


Duras
1. Duras: Premiere Livre 14:41
2. Duras: Deuxième Livre 0:51
3. Duras: Troisième Livre 16:46
4. Duras: Epilogue 1:46
Duchamp
5. Étant Donnés: 69 Paroxyms for Marcel Duchamp 13:17


John Zorn – composer, conductor & producer

&

Duras
Cenovia Cummins – violin
Mark Feldman – violin
Anthony Coleman – piano
John Medeski – organ
Jim Pugliese – percussion
Christine Bard – percussion

Duchamp
Mark Feldman – violin
Jim Pugliese – percussion
Erik Friedlander – cello



John Zorn "Rimbaud" (2012)
ou "Frenchophilie confirmed"


Appréhender Rimbaud, même quand on s'appelle John Zorn, est forcément un exercice périlleux, délicat. En l'occurrence, en quatre titres et autant de formations, Zorn n'y va pas par quatre chemins et ose se désolidariser du texte pour embrasser l'esprit, démarche à ma connaissance inédite en regard de l'œuvre du Grand Arthur.

Première pièce, Bateau Ivre tangue en version classique contemporain où l'atonalité, les dissonances ne sont jamais bien loin. Alternant cavalcades éméchées et contemplation vacillante, flute et clarinette en disturbances papillonnesques principales, ce n'est pas une pièce à priori facile (et pas si éloignée des explosions cartoonesques bien connues du maître, pour situer) mais qui s'avère, au final, d'une communicative verve et une traduction étonnamment juste du texte inspirateur.

Suivant, A Season in Hell (une saison en enfer) propose collages, samples et manipulations électroniques maladivement vibrantes distillées par Zorn himself et sa complice japonaise Ikue Mori. Le résultat doit s'écouter fort, très fort même avec des lumières stroboscopiques irrégulières et oppressantes. On imagine alors cette descente au tréfonds d'une âme en désarroi, celle d'Arthur.

La tonalité des Illuminations est évidemment tout autre. En l'occurrence, si la formation (un trio piano, contrebasse et batterie) évoque le jazz, la musique s'en distancie notablement quoique relativement rythmiquement. Clairement, c'est bien la performance explosive et virtuose du pianiste Stephen Gosling (et concomitamment l'écriture chaotique de Zorn) qui tirent la composition vers de chamboulés et vertigineux sommets où la mélodie, jamais vraiment absente, s'écoute en filigrane.

4ème et ultime pièce, Conneries propose un duo entre le maître de cérémonie (ici multi instrumentiste : sax, piano, orgue, guitare, batterie et bruitages... rien que ça !) et l'acteur/réalisateur Mathieu Amalric rencontré pour une interprétation du Cantique des Cantiques à la Cité de la musique. Et quelle pièce ! Déjantée semble le mot le plus approprié pour décrire la rencontre des instrumentations déstructurées, de l'imagination iconoclaste de John et l'interprétation protéiforme de Mathieu. Et c'est souvent drôle en plus !

Quatre longues pistes (plus de dix minutes chacune), quatre interprétations d'une œuvre qui n'a pas fini d'inspirer des artistes aussi divers que multiples pour des lectures aussi éparpillées et différentes que possible. Zorn s'en sort-il bien ? La réponse est clairement oui même si, comme à l'accoutumé, on se doit d'émettre les avertissements d'usage quand à l'approche d'une musique qui restera à réserver aux amateurs d'exigeantes et étranges odyssées. Si c'est votre cas, vous pouvez y plonger sans réserve !


1. Bateau Ivre 11:01
2. A Season in Hell 12:21
3. Illuminations 11:38
4. Conneries 12:20


Bateau Ivre
Brad Lubman - conductor
Steve Beck - piano
Erik Carlson - violin
Chris Gross - cello
Al Lipowski - vibraphone
Rane Moore - clarinette
Tara O’Connor - flute
Elizabeth Weisser - alto

A Season in Hell
Ikue Mori - laptop, electronics
John Zorn - sampler, electronics

Illuminations
Trevor Dunn - bass
Stephen Gosling - piano
Kenny Wollesen - drums

Conneries
Mathieu Amalric - voice
John Zorn - alto saxophone, piano, organ, guitar, drums, noise

Tous titres
Composition et production de John Zorn

mardi 18 juin 2013

Grand Jeu 6ème Edition, 5ème Tour : Francophonie

Francophonie
Ici, on chante ou on est Français.

Ok, ok, ok... Voici le thème que je n'ai pas aimé... Pas que je n'aime pas la musique d'expression francophone ou les artistes français, mon parcours de blogueur est là pour prouver que "support your local scene" n'est pas une vue de l'esprit pour moi. Non, le problème tient en l'énoncé trop large et surtout son explicatif "ici on chante ou on est français"... Dans ce cas, il aurait fallu appeler le thème "tricolore" ou un truc du genre parce qu'on peut évidemment être francophone sans être français ou être français sans s'exprimer dans la langue de Molière. Bref, sur ce thème un peu à la con (désolé Sorgual !), j'ai choisi un maître des mots, de la composition, des arrangements et du son... Un mec qu'on pourrait décrire comme le Beatle français même si, ici, à mon sens, il dépasse souvent ses modèles.

 
William Sheller "Univers" (1987)
ou "vers ailleurs..."

 
Sheller, Univers. La première fois que j'ai entendu cet album, je n'en revenais pas. A l'époque, peu friand de chanson française et plutôt versé dans le riff plombé que le quatuor à cordes, rien ne me prédisposait à tomber irrémédiablement amoureux d'un petit bonhomme franco-américain, à la voix fragile et aux mains expertes. Univers est passé par là, tellurique galette !

Enfin, tellurique, je me comprends, parce que William Sheller n'est pas du genre à donner dans la pyrotechnie, que ce soit pour ses textes ou ses musiques. Artisan patient et pointilleux, il tisses son écheveau telle la dentelière de Calais additionnant paroles tout en retenue, art compositionnel maîtrisé et arrangements précieux pour un résultat assez unique de part chez nous et même assez unique tout court. Parce que Sheller est au confluent de moult tendances : musique classique puisque telle fut sa formation, pop music puisque tel fut (et est toujours) son amour, et chanson française par héritage et attirance culturelle.

Tout ceci fait de Sheller un créateur à part dans le petit monde de la musique française, et c'est encore plus évident à partir du mini album  Simplement (1984), et encore plus sur Univers où, vraiment !, William lâche les chevaux de son inspiration échevelée.

Quoique ce qui constitue, dans l'édition vinyle d'époque, la Face A reste encore proche de la zone de confort commercial de William. Du rock pop orchestral de Darjeeling, au mid-tempo un poil bluesy mais toujours classicos (Basket Ball), à la pop orchestrale feutrée d'Encore Une Heure, Encore Une Fois et, finalement, à la belle ballade qu'est Les Miroirs dans la Boue, c'est un Sheller à l'ambition certes revenue à la hausse mais encore très préoccupé par le format chanson.

La Face B, sans se départir de la qualité de mélodiste de son compositeur, pousse l'enveloppe plus avant dès le rock orchestral quasi-progressif du Nouveau Monde, composition majeure d'un album qui ne l'est pas moins. Pour le coup, Cuir de Russie, charmante badinerie, et Guernesey, splendide pièce de chanson classique (comprendre chanson et musique classique en un) paraitraient presque "en dedans" s'il n'amenaient sur le magistral et complexe l'Empire de Toholl, indubitablement l'objet musical le plus alien et prospectif depuis Lux Aeterna dont il semble reprendre, bonussé de l'expérience acquise en chemin, l'ambition contemporaine, progressive.

Tout ce que touche Sheller sur Univers, album fondateur d'une deuxième partie de carrière passionnante, semble se transformer en or. C'est un album parfait... Son meilleur ?


1. Darjeeling 3:55
2. Basket ball 4:04
3. Encore une heure, encore une fois 3:34
4. Les miroirs dans la boue 3:43
5. Chamber music (instrumental) 4:59
6. Le Nouveau monde 5:01
7. Cuir de Russie 3:27
8. Guernesey 4:18
9. L'Empire de Toholl 9:10


William Sheller : sitar, piano, chant
&
Laurent Roubach : guitare
Claude Salmieri : batterie
Renaud Hantson : batterie
Pierre Gossez : saxophone alto
Georges Grenu : saxophone
Marcel Hrasko : baryton
Gilbert Viatge : baryton
Francis Cournet : saxophone, basse
Janick Top : basse
Benoît Paquay : violon
Jean-Pierre Catoul : violon
Eric Gertmans : alto
J.P Emyle Dessy : violoncelle
Christian Padovan : basse
Tolbiac Toads : guitare, voix, batterie
Raymond Lefèvre : direction orchestrale

&

William Sheller "Ailleurs" (1989)
ou "Cordes et âme"


Si Univers, précédent opus de Sheller, mélangeait chanson rock et classique, Ailleurs se départit quasiment de cesoripeaux modernistes pour se concentrer sur les organiques et traditionnelles formations du quatuor à cordes et de l'orchestre symphonique... Le piano et la voix de William en plus, ça va sans dire.

Il est loin l'auteur, compositeur, interprète d'un Vieux Rock'n'roll ou de Rock 'n' Dollars, méconnaissable, presque. C'est, présentement, à un compositeur ambitieux, osant se détacher du format chanson comme jamais il ne le fit jusqu'alors. C'est d'ailleurs évident dès la piste d'ouverture, Le Témoin Magnifique, composition en trois parties où il fait montre de son éducation classique (par un ancien élève de Gabriel Fauré, excusez du peu) dans une perspective plus modérément vulgarisatrice que jamais dans un de ses albums de chansons.

De fait, ce qui subsistait encore d'inspiration pop dans Univers est pour ainsi dire évaporé d'Ailleurs qui n'en porte que mieux son titre. Autant le dire, ce n'est pas un album facile, pas une collection de singles imparables comme pouvait le paraitre Univers, outre Un Archet Sur Mes Veines, blues pour quatuor à cordes très réussi, Excalibur, qui malgré son format progressif reste une mélodie accrocheuse pour une chanson plutôt abordable, et La Tête Brûlée, pour orchestre et voix qui chope bien l'oreille et vous la garde par son ambiance et ses paroles déchirantes, c'est un objet musical différent que Sheller nous propose.

Un objet musical où il laisse libre cours à ses fantaisies musicales les plus précieuses ce qui, dans l'acceptation "vinylienne" de l'album, représente surtout la Face B où, entre deux instrumentaux tout en charme et en maîtrise (Octuor et Partita, assimilables à la musique classique, de chambre pour le second) et 3 "chansons" (Sergei, La Sumidagawa et Ailleurs) où les extraordinaires capacités d'arrangeur et de compositeur de William Sheller explosent à la face du monde (enfin, pour ceux qui ne savaient pas encore...). Certes, cet "emballage final" demandera qu'on y revienne quelques fois pour pleinement en apprécier l'intensité dramatique et la nuance mélodique, c'est le lot de toute musique intellectuellement conçue mais émotionnellement gagnante.

Sheller n'a plus proposé, depuis, de fusion aussi grandiose de ses amours pop, rock, progressifs et classiques. Rien que pour ça, Ailleurs est un album précieux et absolument irremplaçable dans la discographie d'un artiste hors du commun... Comme en plus c'est aussi un très bon long-jeu, toute hésitation de rigueur s'évanouit et on recommande chaudement, très chaudement même ce gout d'Ailleurs si délicieux.


1. Le témoin magnifique 7:56
1a - Prélude à tempo d'un jogger (instrumental)
1b - Cadenza del sol (instrumental)
1c - Chant du témoin
2. Un archet sur mes veines 3:52
3. Excalibur 6:38
4. La tête brûlée 6:19
5. Sergueï 5:50
6. Octuor (instrumental) 4:23
7. La Sumidagawa 8:33
8. Partita (instrumental) 1:37
9. Ailleurs 6:11
bonus
10. Un archet sur mes veines (nouvelle version) 3:36


William Sheller : piano, chant, orchestration
&
- chorale d'enfants dirigée par Denis Dupays
- Jean-Jacques Justafré (cor)
- Mick Lanaro -réalisateur de l'album- (tambourin occasionnel).
- orchestre symphonique composé de musiciens issus de différents orchestres nationaux, réunis au Palais des Congrès de Paris. Direction : Jean-Claude Dubois
- orchestre du Capitole de Toulouse. Direction : Jean-Claude Cugullière
- quatuor à cordes composé de : Jean-Philippe Audin (violoncelle), Constantin Bobesco (violon), Hervé Cavelier (violon) et Agnès Toussaint-Audin (alto)
- John Wooloff (guitare)

lundi 17 juin 2013

Bonus : Another RIP in the Wall

Après la trilogie d'hier vous pensiez peut-être que j'allais faire l'impasse sur un bonus... Que nenni ! Voici donc, en version remasterisée, un pilier de rock culture doublé d'un hommage appuyé à son chanteur récemment disparu.

The Troggs "From Nowhere" (1966)
ou "Presley has left the building"

Ha ! Les Troggs ! C'est un peu le punk avant le punk, une attitude de sales gosses morveux à faire passer les Who pour des premiers communiants, une énergie débordante qui balance aisément la technique sommaire du quatuor, aussi.

Parce que les Troggs ne sont pas des virtuoses, pas même de grands compositeurs comme en témoigne cet inaugural long-jeu composé à moitié de reprises et de l'autre de morceaux qu'on a souvent l'impression d'avoir entendu ailleurs (enfin pour la présente réédition, amalgame des albums anglais et américains). Non, les Troggs c'est avant tout, présentement, une jolie petite machine à distiller la brute arrogance de quatre angliches dont les nippes uniformes de gentils garçons coiffeurs ne sauraient cacher l'effronterie salvatrice.

Evidemment, ici, il y a THE hit, Wild Thing, une reprise tiens donc !, un machin qui ne cherche pas midi à quatorze heures et envoie simplement une bonne décharge tribalement rock'n'roll... Garage Rock... Proto-Punk... Sale et frontal quoi, qui sent la graisse de bécane et le cuir et qu'on sent prêt à en découdre. Croyez-le ou pas, un petit James Osterberg en fut très impressionné et s'en rappela au moment de nous hululer vouloir être notre chien.

Et justement, puisqu'on parle de Pop (compris ?), il n'est pas inutile de mentionner l'autre versant de ces trublions rosbifs débutants qui s'y entendront aussi, via un Reg "cœur de rocker" Presley, pour vous trousser de la jolie ballade pop (exercice manquant sur From Nowhere, pas encore dans l'instrument créatif de Presley, mais qu'il est obligatoire de mentionner ne serait-ce que pour Love Is All Around, qu'on retrouve sur l'album éponyme de 1968) ou, présentement, quelques préciosités proches de scarabées fameux (Hi Hi Hazel,  Jingle Jangle, As I Ride By, etc.), c'est d'époque !

Mais, décidément, c'est quand l'électricité prend le pouvoir que la machine décolle, imparfaits mais diablement sincères, les Troggs ne s'expriment jamais mieux que quand leur viennent d'irrépressibles montées d'adrénaline et c'est tant mieux étant donné que c'est ce que From Nowhere propose généreusement. C'est là, surtout là !, qu'ils nous emportent-ils dans un cave-rock suant et suintant et foutrement trippant ! Wild Thing en est évidemment la quintessentielle expression mais I Lost Girl,  Louie Louie, Ride Your Pony, et quelques autres, relaient dignement l'encombrant tube pour un premier long-jeu satisfaisant de fraicheur et d'énergie.

4 février 2013. Reg Presley, 71 ans s'éteint des suites d'une longue maladie (comme on dit). Il avait cessé tout implication dans la musique une année plus tôt, à la tombé d'un diagnostic final. C'est un petit bout d'histoire qui s'enfuit avec lui et laisse tous les amateurs de rock'n'roll un peu orphelins, R.I.P.

1. Wild Thing 2:34
2. The Yella In Me 2:38
3. I Just Sing 2:09
4. Hi Hi Hazel 2:43
5. Lost Girl 2:31
6. The Jaguar and the Thunderbird 2:01
7. Your Love 1:52
8. Our Love Will Still Be There 3:08
9. Jingle Jangle 2:26
10. When I'm With You 2:23
11. From Home 2:20
12. Louie Louie 3:01
13. The Kitty Cat Song 2:11
14. Ride Your Pony 2:24
15. Evil 3:13
Bonus
16. With A Girl Like You 2:05
17. I Want You 2:13
18. I Can't Control Myself 3:03
19. Gonna Make You 2:46
20. As I Ride By 2:02


Reg Presley - Vocals (RIP, 1941-2013)
Chris Britton - Guitar
Peter Staples - Bass
Ronnie Bond - Drums

dimanche 16 juin 2013

Grand Jeu 6ème Edition, 4ème Tour : R.I.P.

R.I.P.
A la demande de Jimmy, cette épreuve ne prendra pas de caractère morbide, nous acceptons les disparus par arrêt de carrière, split, manque de succès, les "chanteurs morts" comme disaient les Nuls.
 
Vu l'élargissement contre-nature du thème (à mon avis plus c'est large moins c'est stimulant), j'ai décidé de faire une trilogie.
 
 
EPISODE 1 : CESSATION D'ACTIVITE
Bobbie Gentry "Patchwork" (1971)
ou "l'inexplicable disparition"

Elle avait tout pour elle, Bobbie. Un vrai talent de plume, un physique plutôt avantageux, un beau filet de voix, un caractère affirmé de femme forte à la tête froide mais à l'émotion tout de même à fleur de peau et l'avenir devant elle, semblait-il. Rien, en fait, ne laissait présager que Patchwork serait son dernier long-jeu.

Présentement, productrice, compositrice, auteure, interprète et même, selon la rumeur, à créditer de la pochette (et de celle de Fancy, l'album qui précède) elle s'impose comme le seul capitaine de son propre navire. Y a pas à dire, Bobbie Gentry est un drôle d'animal dans un music business alors (encore maintenant ?) aux fortes tendances machistes qui aime bien les chanteuses qui font où on leur dit de faire, comme on leur dit de faire... pas le genre de la maison Gentry. On se doute que les batailles furent rudes pour ainsi s'imposer et que, chemin faisant, Bobbie ne se fit pas que des amis... Allez savoir si ça n'expliquerait pas premièrement le long quasi-silence discographique (quelques pauvres singles) et les rares apparitions  qui suivirent pour aboutir, deuxièmement, à une retraite ô combien anticipée.

Bref, c'est à une artiste en contrôle à laquelle nous avons affaire ici. En contrôle mais un peu, aussi, en perte de repères sur un album de bonnes chansons trop lourdement empesées par la kitcherie d'arrangements pas forcément toujours de bon gout... De bonnes chansons qui, sauf deux (Beverly et But I Can't Get Back), sont signées des seules blanches mains de Mlle Gentry. A partir de là, si je vous dit que la sauce easy-listening prend d'autant mieux que la composition est substantiellement légère, vous ne serez pas surpris. C'est le cas sur Billy the Kid, délicieuse "Bacharacherie", sur le western revisité Broadway Miss Clara/Azusa Sue, sur le bluesy et tout en cuivres Mean Stepmama Blues ou sur le suranné foxtrottant Your Number One Fan. Le reste aurait demandé plus de retenue pour vraiment mettre en valeur l'instrument lyrique et compositionnel de la Dame qui, ceci dit en passant, méritait mieux. Mais bon, tels furent les choix de Bobbie qui les assuma comme elle dut assumer les abyssaux résultats commerciaux d'un album qui se défendait pourtant bien mais faillit à accrocher le large auditoire blanc américain qu'il semblait viser.

Avec une météorique carrière de 4 petites années pour 7 albums, Bobbie Gentry reste une énigme dans le monde de la musique, une étrange affaire où une dame se retire d'un système auquel elle n'adhère pas et qui ne la comprend de tout façon pas. Restent des chansons, un beau bouquet d'icelles, à écouter jusqu'à plus soif. Alors Patchwork n'est peut-être pas le plus essentiel des opus de Bobbie, c'est un indispensable quoiqu'il en soit d'une artiste dont la spontanéité, l'intelligence et la grâce manquent toujours aujourd'hui.

1. Benjamin (Interlude) 4:22
2. Marigolds And Tangerines 2:43
3. Billy The Kid (Interlude) 2:40
4. Beverly (Interlude) 3:49
5. Miss Clara / Azusa Sue (Interlude) 4:42
6. But I Can't Get Back 3:34
7. Jeremiah (Interlude) 6:15
8. Belinda 4:05
9. Mean Stepmama Blues 3:58
10. Your Number One Fan (Interlude) 2:54
11. Somebody Like Me 3:25
12. Lookin' In 4:39

(NB: le séquençage de l'édition RAVEN ici proposée soude les divers interludes aux chansons, ces derniers sont mentionnés entre parenthèses.)



EPISODE 2 : LA SEPARATION
Faraquet "The View from This Tower" (2000)
ou "Un p'tit tour et puis s'en va"

En voici un auquel vous ne pouviez pas échapper tant il est cher à mon cœur. J'ai donc l'honneur et l'avantage de vous présenter l'unique album du groupe de Washington DC, Faraquet.

A la base, et si on en croit leur appartenance à la scène (post) hardcore de leur ville, Faraquet pourraient n'apparaître que comme une référence de plus dans la longue, et parfois ennuyeuse, histoire du math-rock. C'est sans compter sur l'incroyable habileté à ciseler des chansons qui, pour ne pas être immédiatement accessibles, n'en demeurent pas moins des pépites pour qui sait prendre le temps de laisser cette musique l'amadouer.

La base, comme je viens de le préciser, est math-rock. C'est donc à une formation techniquement impeccable à laquelle nous avons affaire. Sauf que, contrairement à la plupart de leurs petits camarades, Faraquet y ajoute du chant et c'est ce qui fait toute la différence. En effet, là où on est trop souvent confronté avec de simples exhibitions techniques, Faraquet nous propose des vraies chansons qu'on se surprendra à fredonner à l'occasion. A vrai dire, chaque fois que j'ai dû décrire cette musique, j'ai employé les mêmes comparaisons à savoir d'imaginer ce qu'une fusion de Police période Synchronicity et d'un King Crimson à l'époque de Red non sans y ajouter une bonne rasade d'esprit indie pourrait donner. Je sais, ce n'est pas simple et c'est pourtant, après réflexion, la meilleure description que je puisse faire de la musique contenue sur ce The View from This Tower.

Evidemment, les musiciens sont exceptionnels, en particulier le batteur, mais il faut dire qu'ils sont magnifiquement mis en valeur par la production claire et précise de J Robbins (Jawbox, Burning Airlines, Channels) qui a su donner la dynamique nécessaire à cette musique (qu'on pourrait hâtivement taxer de Rock Progressif).

Et donc, sur 36 minutes et une grosse poignée de titres en état de grâce, voici un album qui ravira ceux qui pensent que la musique est un peu plus qu'un simple enchaînement couplet/refrain/couplet. Une galette unique en son genre et totalement indispensable !
(recyclé de La Caverne d'Ali Baba)


1. Cut Self Not 2:54
2. Carefully Planned 3:40
3. The Fourth Introduction 3:18
4. Song for Friends to Me 1:38
5. Conceptual Separation Of Self 6:43
6. Study in Complacency 5:05
7. Sea Song 4:10
8. The View from this Tower 5:56
9. The Missing Piece 3:29


Jeff Boswell - Bass, Guitar
Chad Molter - Drums, Keyboards, Percussion, Piccolo Bass, Vocals
Devin Ocampo - Banjo, Drums, Guitars, Keyboards, Percussion, Trumpet, Vocals
&
Amy Domingues
 - Cello (5)



EPISODE 3 : LA VIE APRES LA MORT
Alain Bashung "L'Homme à la Tête de Chou" (2011)
ou "Un hommage à un hommage à un hommage..."

Un hommage publié à titre posthume, c'est un peu le serpent qui se mord la queue... Pour le thème du jour, ceci dit... Bref. J'avais publié ça chez Warf, je vous le livre comme tel :

"Avec des modifications mineures à l'oeuvre originale, Bashung reprend l'intégralité du grand classique de Gainsbourg de 1976 : L'Homme à la Tête de Chou.

Quand aux circonstances de cet enregistrement, je ne sais rien. Sa sortie posthume m'a, je dois l'avouer, cueilli. Mais, à vrai dire, on se fout des circonstances, l'important est ailleurs. En l'occurrence dans l'interprétation qui, pour être réussie, n'en demeure pas moins trop fidèle pour réellement se démarquer, malgré de mineurs changements apportés aux arrangements. Il n'y a, ici, quasi-rien qui permette de considérer cette version comme autre chose qu'une relecture appliquée (preque scolaire) de son modèle. Le résultat n'est pas désagréable, loin s'en faut, et tournera probablement régulièrement sur les platines de ceux qui l'auront acheté, on eût simplement espéré une approche radicale, plus déviante... C'est donc un album agréable, troussé par une bande de musiciens révérents et talentueux où Bashung (comme un poisson dans l'eau) n'a qu'à poser sa voix (ce qu'il fait avec succès).

Au-delà de la réussite, cette version, complément plus qu'acceptable 35ans après, nous permet de célébrer le grand talent de Serge Gainsbourg et de son arrangeur d'alors (Alan Hawkshaw), et l'inusable efficacité d'un légendaire opus. Ce n'est pas rien."


1. L'Homme à tête de chou 2:42
2. Chez Max coiffeur pour hommes 1:12
3. Marilou Reggae 2:35
4. Transit à Marilou 1:31
5. Flash Forward 2:18
6. Aéroplanes 2:09
7. Premiers symptômes 2:25
8. Ma Lou Marilou 3:06
9. Variations sur Marilou 8:59
10. Meurtre à l'extincteur 3:16
11. Marilou sous la neige 2:38
12. Lunatic Asylum 3:21


Chant : Alain Bashung
Orchestration, arrangements : Denis Clavaizolle
Claviers, piano, programmations, guitares, basses : Denis Clavaizolle
Programmations : Jean Lamoot
Trompette : Erik Truffaz
Guitare : Frédéric Havet
Percussions : Pierre Valéry Lobé et Mamadou Koné
Batterie : Yann Clavaizolle
Violon : Aurélie Chenille
Violoncelle : Guillaume Bongiraud
Chœurs : Morgane Imbeaud