mardi 3 novembre 2015

Zorn's Heads et le fil magique (Zornophagie 2015 Volume 8)

Et un nouveau billet consacré à John Zorn, un ! Mais pas seulement... Alors, avant d'entrer dans le détail, je vous fait le menu : ça commence par une nouvelle version d'une pièce assez ancienne par un jeune musicien new-yorkais bourré de talent, c'est la nouveauté !, ça continue avec la version originale de ladite pièce, par Marc Ribot, ça continue par un album d'Eugene Chadbourne, pour qui la pièce était prévue et à qui elle est dédiée, puis des travaux zorniens archéologiques, puisque c'est sa période de proximité avec Chadbourne, et puis un album de Marc Ribot qui était donc l'interprète de la première version pour finir par un groupe comprenant celui qui reprend ce Book of Heads, là, maintenant, et s'était donc déjà frotté au répertoire zornien en début d'année... La boucle est bouclée ! J'espère que vous avec suivi le fil et il me reste à vous dire l'habituel mais toujours sincère... Enjoie !

iT'S NeW
John Zorn/James Moore "James Moore Plays The Book of Heads" (2015)
ou "Guitar Mania 1"

Membre du Dither qui commit le chapitre inaugural des Olympiads de John Zorn en début d'année, James Moore s'attaque ici à une série d'études autour de la guitare écrites pour Eugene Chadbourne par le même Zorn en de turbulentes septantes et, plus tard, enregistrées par Marc Ribot pour le label Tzadik, c'est dire s'il s'avance en terrain miné.
Reprenant la formule, en gros on triture la guitare dans tous les sens avec toutes sortes d'instruments plus fantaisistes les uns que les autres (jouets, ustensiles de cuisine, etc., rien n'est trop fou), James Moore s'empare de la partition pour la faire sienne et, surtout !, s'amuser comme un petit fou à faire da la musique savante mais rigolote (l'un n'empêche pas l'autre). Et musicalement, ça ressemble à quoi, vous demandez-vous sans doute si vous n'avez eu l'honneur et l'avantage de goûter à la version originale ? A 35 courtes études qui font subir à la guitare des traitements aussi radicaux que ceux de feu-John Cage à ses pianos préparés, et donc ça gratte, ca pince, ça claque, ça percussionne à qui mieux-mieux. De la mélodie ? Il en y a dans ces minimalistes constructions mais noyée dans un joyeux chaos où l'on ne s'ennuie jamais. Parce que, cartoonesque comme souvent le contemporain zornien quand il ne se prend pas au sérieux, ces 45 minutes passent mieux qu'un charme avec leur lot de petites citations/références amusées (Row your boat, etc.).
A tous ceux qui pensent que la musique expérimentale et avant-gardiste est ennuyeuse et inabordable, on conseillera une écoute de ce Book of Heads version 2015 d'autant qu'il est supplémenté d'un DVD documentaire permettant de plonger encore plus avant dans l'étonnante expérience.

1. Étude # 1 1:56
2. Étude # 2 0:59
3. Étude # 3 0:48
4. Étude # 4 0:53
5. Étude # 5 2:28
6. Étude # 6 1:15
7. Étude # 7 1:35
8. Étude # 8 0:51
9. Étude # 9 0:40
10. Étude # 10 1:19
11. Étude # 11 1:48
12. Étude # 12 0:52
13. Étude # 13 1:54
14. Étude # 14 1:15
15. Étude # 15 1:01
16. Étude # 16 0:42
17. Étude # 17 1:39
18. Étude # 18 1:03
19. Étude # 19 0:44
20. Étude # 20 0:23
21. Étude # 21 2:28
22. Étude # 22 1:29
23. Étude # 23 1:57
24. Étude # 24 1:35
25. Étude # 25 1:04
26. Étude # 26 0:36
27. Étude # 27 1:52
28. Étude # 28 1:07
29. Étude # 29 1:00
30. Étude # 30 2:23
31. Étude # 31 0:21
32. Étude # 32 1:37
33. Étude # 33 0:33
34. Étude # 34 1:21
35. Étude # 35 1:34

James Moore - guitare

JAMES MOORE

iT'S oLD
John Zorn/Marc Ribot "The Book of Heads" (1995)
ou "Guitar Mania 2"

Interprétation d'une partition aussi expérimentale que joueuse, rien que de très normal puisqu'elle avait été conçue pour les foutraques capacités expérimentatrices d'un Eugene Chadbourne, le Book of Heads de John Zorn est un exercice idéal pour un Marc Ribot partageant largement les valeurs intello-rigolardes de son devancier et son compositeur.
Parce qu'il est possible de faire de la musique sérieusement tout en s'amusant beaucoup, ce que fait présentement Marc. Musicalement, et techniquement parce que l'aspect virtuose et exploratoire de la chose ne doit pas être minimisé, comme nous n'avons pas eu la chance d'entendre la version Chadbourne de la partition, et pour cause, il ne l'a jamais enregistrée, c'est celle de Ribot qui est le baptême du feu. Et quel feu ! Parce que si ces courtes pièces jouant autant de la guitare qu'avec la guitare, l'usage de différents artifices tels que des ballons, des crayons ou du riz (!) étant instrumentale à la réalisation de la folie, sont à classer dans le domaine de la musique expérimentale d'avant-garde, elles ont aussi un caractère profondément ludique, iconoclaste et cartoonesque (zornien, quoi !) qui ouvrent les portes à bien d'autres publics que celui habituellement concerné par de telles exactions d'autant qu'il y a tout de même de nombreuses vignettes mélodiques rendant plus abordable le propos.
Bref, en un mot comme en mille, d'une musique difficile, savant et vituose, Zorn et Ribot parviennent à fomenter un album distrayant, foutraque et recommadable, un vrai petit miracle !

1. Étude # 1 2:44
2. Étude # 2 0:32
3. Étude # 3 0:39
4. Étude # 4 2:04
5. Étude # 5 2:46
6. Étude # 6 1:02
7. Étude # 7 2:37
8. Étude # 8 1:25
9. Étude # 9 1:10
10. Étude # 10 0:31
11. Étude # 11 2:04
12. Étude # 12 1:52
13. Étude # 13 2:18
14. Étude # 14 0:38
15. Étude # 15 1:58
16. Étude # 16 1:27
17. Étude # 17 0:46
18. Étude # 18 0:27
19. Étude # 19 0:42
20. Étude # 20 1:20
21. Étude # 21 2:20
22. Étude # 22 1:51
23. Étude # 23 3:08
24. Étude # 24 1:52
25. Étude # 25 0:58
26. Étude # 26 0:37
27. Étude # 27 1:29
28. Étude # 28 3:08
29. Étude # 29 2:11
30. Étude # 30 2:50
31. Étude # 31 1:09
32. Étude # 32 1:30
33. Étude # 33 1:22
34. Étude # 34 1:18
35. Étude # 35 1:22
(un extrait live de 2014)

Marc Ribot - guitare

JOHN ZORN

a FRieND
Eugene Chadbourne "End to Slavery" (1998)
ou "Eugene!"

Eugene Chadbourne est seul, ça vaut mieux que d'être mal accompagné vous me direz, d'autant que ça ne l'empêche nullement de déjanter comme pas deux. Chadbourne, quoi ! Un pote de Zorn, si ça vous aide à situer...
Après, décrire l'engin, enfin, l'album... Disons que Chadbourne est à (au hasard) Pat Metheny ce que l'ornithorynque est au fier étalon, un truc bizarre, pas exactement beau mais diablement intriguant et, finalement, plus intéressant que le fier animal, plus belle conquête de l'homme, etc., mais bon c'est qu'un canasson, quoi !
Parce que dans le petit monde d'Eugene, il y a des choses qui défient la raison, un goût immodéré pour la bizarrerie iconoclaste, le décalé savant/primitif, le jamais entendu ailleurs ou avant qui, tout en étant déstabilisant, a une de ces beautés, pas la plus évidente, non, mais sans aucun doute une des plus savoureuses pour peu que les musiques libres et démentes soit votre tasse de thé.
Et donc, sur End to Slavery, Chadbourne est seul, entre jazz, blues, folk, avant-gardisme contemporain et grand n'importe quoi, à la guitare électrique ou acoustique comme au banjo, et à divers objets de récup' en guise d'appui percussif, et même au chant de temps en temps, de compositions originales à une reprise du Naima de Coltrane (méconnaissable !), le mec s'amuse absolument tous azimuts... Et nous avec !, même s'il faut parfois s'accrocher un peu.
Vous ne connaissez pas encore Chadbourne ? Voici une bonne option introductive, un album plutôt plus facile que la moyenne de ses travaux, et souvent drôle en plus ! Une folie (presque) accessible et chaudement recommandée !

1. Amber 6:59
2. Naima 7:12
3. Misty, I Know You're Misty 'Cus You Miss Me When I'm Gone 3:39
4. Shreeve's Heaven 3:46
5. Grey Skies Are Just Clouds Passing Over 5:24
6. Oil of Hate 6:34
7. Imitation of Astral Traveling 7:28
8. That's That 3:04
9. A Stone from Every River 13:41
10. Symphony of Weirdness (A: Presto, B: Acarrot, C: Con Gas, D: Aldagio) 4:33
11. End to Slavery 5:28

Eugene Chadbourne - guitar, banjo, voice, plunger, rage, birdcage & noise

EUGENE CHADBOURNE

aRCHéoZoRNie
John Zorn "The Parachute Years" (1998)

Encore plus que les First Recordings 1973, dont l'importance n'est pas à négliger pour autant, The Parachute Years 1977-1980 (comprenant des sessions enregistrées jusqu'en 1981 contrairement à ce que son titre indique) représente la fondation de l'art Zornien. C'est aussi, vous aurez été prévenus, un étrange animal qui ne s'apprivoise pas et avec lequel, au contraire, la musique domptant l'auditeur, il faut savoir se laisser aller, se laisser emporter dans un trip étrange et difficile, souvent chaotique mais, ultimement, valorisant.
Précision biographique pas inutile, John Zorn est alors dans sa période Eugene Chadbourne, il collabore fréquemment avec le guitariste (sur les enregistrement d'icelui et les siens) et en sort le résultat sur le label Parachute Records, maison fondée par Chadbourne, justement. C'est sur ce label (d'où le titre du coffret) et accompagné de la fine fleur de la scène New Yorkaise d'improvisation musicale (dite Downtown Scene) que Zorn fait ses premières armes de chef de formation, de directeur musical sans, pour autant, encore abandonner son rôle d'instrumentiste (ça viendra plus tard).
Concrètement, s'il image ses aeuvres de titres sportifs, le rapport est ténu, pour ne pas dire absent et l'intérêt, par conséquent ailleurs. De fait, présentement, il met en application un système de cartes (les "game cards") commandant aux musiciens les moods qu'il souhaite entendre exprimés ou les motifs musicaux à interpréter. Il développera plus avant la technique sur le fameux Cobra, plus abouti et encaissable que les Parachute Years mais dont la source se trouve bel et bien ici dans ces pièces où un jeune compositeur et une bande de misfits de haut-niveau s'amusent à construire un meccano absurde et savant à la fois où musiques contemporaines abstraites et free jazz voisinent et s'accouplent avec tout ce qui passe par la tête de leur bouillonnant concepteur. On sent, qui plus est, la production s'améliorer, s'affiner de volume en volume d'un Lacrosse foutraquissime à un Archery toujours aussi barré mais nettement mieux maîtrisé et, conséquemment, plus facile à encaisser.
On ne niera pas que le coffret s'adresse avant tout aux amateurs inconditionnels de l'hyperactif compositeur New Yorkais ou aux masochistes aimant à se faire vriller les tympans. Pas d'un abord facile, et particulièrement chaotique, ces musiques hautement expérimentales feront certainement fuir les amateurs de mers d'huile. C'est, cependant, une addition essentielle à la collection de tous ceux souhaitant plonger au racines du mythe Zorn qui ne fait alors que commencer et n'est pas près de s'éteindre.

CD 1
Lacrosse

1. Take 3 23:06
2. Take 4 19:06
3. Take 6 6:20
4. Take 1 7:01
5. Take 2 8:08
6. Take 5 8:16

CD 2
Lacrosse

1. Twins Version 29:56

John Zorn - alto and soprano saxophones, clarinet
Mark Abbott - electronics
Bruce Ackley - soprano saxophone, liner notes
Polly Bradfield - violin, viola, electric violin
Eugene Chadbourne - acoustic guitar, dobro, electric guitar, twelve string guitar, liner notes, tiple, six string bass, twelve string acoustic guitar
Henry Kaiser - electric guitar
LaDonna Smith - violin, viola
Davey Williams - banjo, electric guitar, hollow body guitar
Disc One recorded at WKCR in June 1978 and Disc Two recorded in San Francisco, California in June 1977.

CD 3
Hockey
Electric Version

1. Take 1 1:13
2. Take 2 3:13
3. Take 3 11:32
4. Take 4 11:23
Acoustic Version
5. Take 2 3:43
6. Take 4 2:14
7. Take 11 0:55
8. Take 13 1:02
9. Take 1 3:10
10. Take 3 3:16
11.Take 5 1:08
12. Take 6 1:00
13. Take 7 1:07
14. Take 8 0:45
15. Take 9 1:02
16. Take 10 1:07
17. Take 12 1:17

Polly Bradfield - violin
Mark E. Miller - percussion, contact microphones, vibraphone
Eugene Chadbourne - electric guitar, personal effects
Wayne Horvitz - amplified piano
Bob Ostertag - electronics
John Zorn - duck, goose and crow calls, clarinet, mouthpiece
Recorded at Sorcerer Sound Studio, New York City on March 1, 1980

CD 4
Pool

1. Part 1 17:18
2. Part 2 16:18
3. Part 3 17:27
4. Part 4 4:08

Polly Bradfield - violin
Mark E. Miller - percussion, contact microphones, vibraphone
Charles K. Noyes - percussion, saw, knene
Bob Ostertag - electronics
John Zorn - alto and soprano saxophones, bb clarinet, game calls, e-flat clarinet
Recorded at Sorcerer Sound Studio, New York City on March 1, 1980

CD 5
Archery
Rehearsal

1. Pt. 1 32:11
2. Pt. 2 16:14
3. Pt. 3 28:33

CD 6
Archery

1. A1-D2 20:35
2. D3-G1 20:08

CD 7
Archery

1. G2-L4 23:52
2. L5-O14 23:30

Pas d'extrait des enregistrements mais une
VERSION LIVE

Polly Bradfield - violin
Eugene Chadbourne - guitars, dobro
Anthony Coleman - keyboards
Tom Cora - cello
Robert Dick - flute, bass flute, piccolo, game calls
Wayne Horvitz - keyboards, harmonica, tape, electronics
Bill Horvitz - electric guitar
Kramer - keyboards
Bill Laswell - electric bass
George Lewis - trombone
David Moss - drums, voice, water, hammered dulcimer, cymbals, zither, etc.
John Zorn - alto and soprano saxophones, bb clarinet, game calls, e-flat clarinet
Recorded at the OAO Studio in Brooklyn, New York on September 12 and 13, 1981

HENRY KAISER

DReaM GuiTaR
Marc Ribot "Silent Movies" (2010)

En quelque sorte, Silent Movies est l'anthitèse d'Exercices in Futility sorti deux ans plus tôt par le même Ribot. Là où Exercices in Futility était une étude froide, technique et précise visant à explorer différentes techniques; Silent Movies est avant tout une oeuvre émotionnelle, guidée par les images qu'elle est censée souligner et où - en tout logique - Ribot se livre avec une remarquable économie technique pour toucher à l'essentiel.
Pour le non initié, ces compositions calmes, contemplatives pourraient paraître aisées à exécuter. Il faut avoir touché à une six cordes, même sommairement, pour se rendre compte de l'immense bagage technique obligatoire pour ainsi maîtriser l'épure avec une telle grâce. Evidemment, ceux qui attendent d'un album de guitariste une explosion de riffs et de descentes de manches ultrasoniques seront inévitablement déçus à l'écoute d'un album si précieusement ambient. Les autres, ceux qui goûtent volontiers aux délices d'un Bill Frisell ou d'un John Fahey, se réjouiront de compter une nouvelle pièce de choix dans leur collection.
Et si, à l'exception de quelques parties électroniques atmosphériques (soundscapes) délivrées par Keefus Ciancia, Ribot est seul ici à distiller des notes rares qui sonnent toujours justes mues qu'elles sont par l'émotion palpable qu'y verse généreusement l'instrumentiste, c'est tout au bénéfice de l'auditeur. Qui plus est, enregistré en trois jours seulement dans des conditions décrites comme idéales par Ribot himself, ces musiques de films se suffisent parfaitement à elles seules même si j'avoue que je serais curieux de voir ce qu'illustrent ces poèmes sonores. Ajoutons l'exceptionnelle qualité sonore de la chose qui ' écoutée sur un matériel adéquat ' vous donnera l'impression que Marc est là, avec vous. Bluffant.
Personnellement, il m'arrive excessivement rarement de savoir - dès la première écoute - qu'un album sera destiné à faire partie de mes classiques personnels, de ces albums qui reviendront souvent sur la platine et m'enchanteront à chaque passage... Silent Movies, dans sa rare et délicate beauté, est de ceux-ci. A ne pas manquer donc.

1. Variation 1 1:51
2. Delancey Waltz 3:18
3. Flicker 5:19
4. Empty 2:04
5. Natalia in E' Major 5:15
6. Solaris 3:47
7. Requiem for a Revolution 5:31
8. Fat Man Blues 4:47
9. Bateau 4:58
10. Radio 4:05
11. Postcard from N.Y. 8:30
12. The Kid 4:15
13. Sous le Ciel de Paris 6:46

Marc Ribot: guitar (all tracks), vibraphone (#13)
Keefus Ciancia: soundscapes (#1, 3, 7, 11, 13)
Produced by JD Foster

MARC RIBOT

MoRe oF MooRe
John Zorn/Dither "John Zorn's Olympiad Vol. 1/Dither Plays Zorn" (2015)
ou "Revu et corrigé"

Une nouvelle série dans la galaxie Zornienne, rien que ça tient de l'évènement, aiguise les appétits de ceux qui savent que l'homme Zorn ne se lance jamais à la légère dans de nouvelles explorations.
En l'occurrence, les Olympiades, dont est proposé ici le volume inaugural, nous ramèneront à l'origine du mythe ou presque, à une période où Zorn, empêcheur de jouer en rond, abat une à une les cloisons séparant le jazz le plus free, le contemporain le plus exploratoire, et l'esprit punk le plus juvénilement irrévérencieux (pour bonne mesure). Autant dire que ceux qui se sont fait aux élans lyriques, souvent mélodiques et mystiques peuplant le plus gros dernières années de l'intense production du compositeur pourront repasser. Hockey, Curling, Fencing, trois sports olympiques pour trois "compositions par cartes"* datant de 1977 et 1978, c'est du rude !
Mais qui dit nouvelle série dit nouvelle interprétation, nouvelle appropriation par une formation qu'on découvre pour l'occasion, une formation dominée par la guitare, instrument que les quatre instrumentistes pratiquent, mais où ne sont pas absentes quelques saveurs cousines (des cordes, toujours des cordes !). Et qui dit nouvelle interprétation, nouvelle appropriation dit, forcément !, la surprise de découvrir ces "machins" antédiluviens, que peu ont entendu pour la bonne raison qu'ils ont été rarement joués et enregistrés (l'exception Hockey, sur l'album éponyme ou le coffret Parachute Years), par de jeunes pousses prêtes à en découdre avec ce qui n'est pas le "body of work" le plus exactement abordable du furieux New Yorkais. Dither s'en sort avec une rare classe honorant comme il se doit l'insigne honneur d'ouvrir la collection. Les quatre gars viennent, comme de bien entendu, de la grosse pomme, ont collaboré avec des pointures telles que Fred Frith (Henry Cow, Art Bears, Massacre, etc.), Lee Ranaldo (Sonic Youth, bien sûr !) ou Elliott Sharp, c'est dire si le roué Zorn n'a pas confié son matériau au hasard.
Concrètement, ça ressemble à quoi ? Un chaos contrôlé, de belles bulles mélodiques bientôt perturbées de sorties de routes spectaculaires, et des cordes, bien sûr !, des cordes, puisque telle est la spécialité des quatre instrumentistes composant la formation, tous guitaristes versatiles et exploratoires qui jouent, comme on joue au lego, une musique aussi imprévisible que ludique. Pas clair tout ça ? C'est parce qu'il faut le vivre pour le comprendre comme c'est toujours le cas des œuvres les plus "libres" du compositeur new-yorkais qu'elles voisinent avec le contemporain ou le jazz, ou les deux comme c'est présentement le cas.
Quand à ce qu'apportera la série des Olympiades dans l'avenir, puisque c'est un volume 1, hein !, le mystère demeure intégral. Se basant sur ce premier volume, vous l'aurez compris chaudement recommandé aux oreilles aventureuses, on en salive déjà !

* Les règles d'un Game Piece sont définies par un jeu de 18 cartes, qui codifient les relations entre les musiciens. Un exemple de carte est : Les gens qui jouent actuellement s'arrêtent, ceux qui ne jouaient pas peuvent désormais jouer s'ils le souhaitent. Lors de l'exécution d'un Game Piece, les musiciens choisissent eux-mêmes quelles cartes ils veulent jouer, en faisant un signe à Zorn, qui répercute alors sur l'ensemble du groupe le choix en montrant la nouvelle carte, et donc les nouvelles règles - wikipedia

1. Curling (electric short) 7:31
2. Hockey (acoustic dry) 3:59
3. Fencing (electric) 11:55
4. Curling (acoustic) 13:16
5. Hockey (electric wet) 6:35
6. Fencing (acoustic) 11:20
7. Hockey (electric dry) 4:04
8. Curling (electric long) 19:22
(Hockey en version live)

Taylor Levine - electric and acoustic guitars
Joshua Lopes - electric and acoustic guitars, bajo sexto, zhong 'wan
James Moore - electric and acoustic guitars, banjo, mandoline
Gyan Riley - electric and acoustic guitars, banjo

DITHER

5 commentaires:

  1. Zorn's Heads et le fil magique (Zornophagie 2015 Volume 8)

    John Zorn/James Moore "James Moore Plays The Book of Heads" (2015)
    - http://www26.zippyshare.com/v/0IyGKh4q/file.html

    John Zorn/Marc Ribot "The Book of Heads" (1995)
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    Eugene Chadbourne "End to Slavery" (1998)
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    John Zorn "The Parachute Years" (1998)
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    2 - http://www26.zippyshare.com/v/0MQsa1yh/file.html
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    Marc Ribot "Silent Movies" (2010)
    - http://www26.zippyshare.com/v/HR2GoWBF/file.html

    John Zorn/Dither "John Zorn's Olympiad Vol. 1/Dither Plays Zorn" (2015)
    - http://www26.zippyshare.com/v/Cv6bA3Nn/file.html

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  2. Salut à toi Zornophage,
    Suis en train d'écouter James Moore qui me souhaite assez chouette, me faisant parfois penser à ce que fait Ikue Mori avec l'electric masada (une piste parmi d'autres!) . Je passais aussi par chez toi voir si le books of angels vol26 tout chaud s'y trouvait; c'est sans doute pour bientôt.
    Mathieu

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    1. Tout bon, le Cerberus (BoA vol. 26) suivra dans pas longtemps... Quand ? Mystère et boule de gomme alors, comme on dit, stay tuned !
      Et merci de ton passage, évidemment.

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  3. Salut Zornophage,

    effectivement les Game piece de ces années Parachute ne sont pas les plus faciles à encaisser. Je n'écoute plus trop cette période mais je prends Hockey et Archery pour compléter ma collection, je les garde sous le coude (ou sous le lobe) pour plus tard.
    Dans la série des jeux, mes préférés sont Cobra dans la version Tokyo Operation (94) et Xu Feng.

    Toutefois l'intérêt de ce processus réside dans le renouvellement quasi permanent du résultat. La preuve avec cet Olympiad. Ici j'aime le fait que l'ensemble n'utilise que des cordes, ça donne une unité, un côté moins foutraque peut-être.

    Je me suis amusé à écouter les 2 Book of Heads à la suite. Une petite préférence pour la version de Ribot, plus directe dans son interprétation à mon goût. Cela dit la version de Moore est intéressante aussi, avec son utilisation de pédales d'effet et ses citations musicales plus évidentes (il m'a semblé en déceler quelques-unes chez Ribot mais beaucoup plus furtivement, ou alors j'ai interprété).

    Je n'ai pas encore écouté le Chadbourne mais je ne doute pas que ça me plaira.

    Je termine par la petite perle de la sélection et je suis bien d'accord avec toi; ce Silent Movie est un très bel album. Définitivement, Marc Ribot est un grand musicien!

    Merci et A+

    Oya

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    Réponses
    1. Et merci à toi pour cet excellent commentaire.
      Bientôt la suite de ma dévorante zornophagie, stay tuned !

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