samedi 30 janvier 2016

SynthPop IV: Gloire ! (Troisième Partie, 1984-1989)

Un petit saut de puce entre la fin du billet précédent et le début de celui-ci, un tout petit mois de rien du tout !, certes, mais il semblerait que la synthpop, en se popularisant, en prenant de la bouteille aussi, prennent des accents de plus en plus riches comme en témoigne la sélection nous amenant jusqu'à la fin de la vague, et la fin des 80s (parce qu'il n'y a jamais vraiment de hasard) !

THe VoiCe
Bronski Beat "The Age of Consent" (10/1984)
ou "Silence Equals Death"

Comme je n'aurai pas dit mieux tout en ayant une expérience tout à fait différente d'un album découvert sur le tard, je laisse la parole à Twilight (Guts of Darkness) qui va vous entretenir d'un authentique chef d'œuvre synthpop un peu plus substantiel que les autres :
"Comme les temps changent...quand on voit la merde que l'on passe aujourd'hui dans les hit-parades des radios ou de certaines TV, comme si faire de la pop était devenu une insulte ou synonyme de bêtise...
Je me revois sur le coup de mes 13 ans lorsque parmi les têtes de classement de l'époque on pouvait trouver un trio avec au chant un petit bonhomme à l'étrange timbre vocal, proche de celui d'un castrat, tel qu'on pouvait le trouver chez Klaus Nomi ou Antony and the Johnson aujourd'hui, qui chantait la détresse des homosexuels obligés de fuir les villes de province pour gagner Londres et espérer y trouver plus de tolérance ('Smalltown boy') ou passés à tabac en raison de leur inclinaison sexuelle ('Why'). Bien sûr, nous ne nous en rendions pas compte alors mais sous couvert de pop, 'The Age of consent' (l'âge légal autorisant les relations gays) et son triangle rose (symbole homosexuel) est un album de souffrance. Il suffit de se pencher sur les textes de Jimmy Sommerville pour comprendre, que ce soit dans 'Why', 'Smalltown boy', 'Screaming'...les thèmes principaux en sont la souffrance et l'incompréhension face au rejet des familles, la violence des contemporains et l'intolérance vis-à-vis des gays. Nulle surprise à trouver une forme de mélancolie bien plus profonde qu'il n'y paraît dans les lignes du décidément culte 'Smalltown boy' mais également dans les accents jazzy de la reprise du 'Ain't necessarily so' de Gershwin ou le calme triste de 'Screaming'. Mais tout l'album ne tourne pas seulement autour de la cause gay. L'excellent 'Junk', sorte de version plus sombre de Soft Cell ou la reprise électro wave du 'I feel love' de Donna Summer (la version en duo avec Marc Almond, ici en bonus, est meilleure encore) sont écrites sur des rythmes plus pêchus et assez typiques d'une pop new wave électronique intelligente telle qu'on la trouvait chez Alphaville, Tears for Fears, Depeche Mode...D'autres chansons sont plus calmes, voir sensuelles ('Heatwave'), mêlant inspirations bluesy, jazzy, cabaret aux bases pop wave du duo. Mais il est clair que la marque de fabrique de Bronski Beat était cette voix si particulière de Jimmy Sommerville, haut perchée, capable d'atteindre des aigus surprenants et empreinte d'une touche de mélancolie discrète mais profonde. Cela est frappant sur les bonus comme le très gospel 'Memories' ou un 'Puit d'amour ' a capella bouleversant. Certes, pour qui ne la supporterait pas, c'est l'univers du trio qui lui ferme ses portes.
Pour ma part, voilà un bon disque pop que j'ai toujours plaisir à réécouter avec nostalgie."
Idem.

1. Why? 4:04
2. It Ain't Necessarily So 4:43
3. Screaming 4:15
4. No More War 3:55
5. Love and Money 5:07
6. Smalltown Boy 5:02
7. Heatwave 2:40
8. Junk 4:17
9. Need-a-Man Blues 4:20
10. I Feel Love/Johnny Remember Me 5:59
Bonus
11. I Feel Love (Medley with Marc Almond) 8:22
12. Run from Love (remix from "Hundreds and Thousands") 8:14
13. Hard Rain (remix from "Hundreds and Thousands") 7:54
14. Memories 2:54
15. Puit d'Amour 1:30
16. Heatwave (remix from "Hundreds and Thousands") 5:44

Steve Bronski - keyboards, percussion
Larry Steinbachek - keyboards, percussion
Jimmy Somerville - vocals
&
Cellos - Beverly Lauridsen, Jesse Levy, Mark Shuman
Choir - The Pink Singers
Congas - John Folarin
Horns - Uptown Horns (Cris Cioe (alto sax & solo, "Love And Money"), Arno Hecht (tenor sax and clarinet solo, "It Ain't Necessarily So"), Hollywood Paul (trumpet) and Bob Funk (trombone))
Tap Dance - Caroline O'connor

BRONSKI BEAT

ReLaX!
Frankie Goes to Hollywood "Welcome to the Pleasuredome" (10/1984)
ou "Synth-Opera"

Il y a ceux qui font dans la mesure, dans la délicatesse et le bon goût et il y a ceux qui n'en font qu'à leur tête quitte à ne pas se faire que des amis, c'est certainement dans la seconde catégorie qu'on trouve Frankie Goes to Hollywood et son magnum opus, Welcome to the Pleasuredome, que va nous évoquer Erwin (Forces Parallèles) :
"Nous voici face au plus bel ovni très identifié de la nouvelle vague. Incontournable, avant-gardiste, visionnaire, la sensation anglaise de l’année 1984 débarque comme il se doit de la ville des scarabées, des docks de Liverpool, cité de musique s’il en est. Quelques années de galère dans le tour club de la ville et le groupe se stabilise autour d’un line up forgé par la voix aisément identifiable de Holly Johnson. Bien entendu, la filiation homosexuelle notoire –Johnson et Rutherford sont gays - est un des éléments clés de leur succès… Non pas que tout le monde soit devenu gay du jour au lendemain, mais nous sommes en pleine éclosion des phénomènes de reconnaissance de cette frange de la population jusqu’alors mise au ban de la société, Rock Hudson vient de décéder du Sida –Holly est aujourd’hui porteur du VIH- , Freddy Mercury assume son rôle avec conviction, l’heure est au combat. Quoi de mieux que cet album à la bizzaroïde peinture Picassienne et une série de hits incomparables pour symboliser cette révolution. L’histoire est en marche !
Car « Relax » déboule en cette fin d’année 1983 avec une vidéo résolument agressive articulée autour du monde gay et de ses excès. La première écoute de ce titre historique surprend toujours. Les interdictions fleurissent de partout –MTV !- mais n’empêchent nullement le titre de truster toutes les premières places des billboards, comme il se doit. Apocalyptique, une tranche d’agressivité que l’on n’aurait pas crû possible en jouant de la New Wave. Le single de cette année 84, assurément.
« Two tribes » prend alors le relais, avec la même débauche de basse surpuissante et ce penchant avéré pour l’agression dans la voix de Holly, superbe performer et désormais figure emblématique des mouvements gay. Là encore la vidéo fait mouche et dépeint les leaders russes et américains en train de s’étriper sur un pseudo ring. Le résultat est à la hauteur et prouve que les mecs ne sont pas que des marionnettes de carnaval, qu’ils ont des trucs « sérieux » à dire. Pas de doute c’est du classique.
Et pour en remettre une couche, voila que nos Frankies sortent un troisième single à l’opposé de ces deux bombes. Il s’agit de l’universel slow « The power of love ». D’une douceur étonnante, la vidéo dépeint les scènes de la nativité avec une certaine justesse… On s’attendait à plus de subversion… Finalement ce sont des mecs bien en plus ? En tout cas cette chanson immortelle complète le triptyque des numéros 1 du Billlboard que FGTH sera le seul à atteindre dans les eighties avec cette régularité de métronome.
Et ce n’est pas tout, nous pouvons citer l’antiguerrière « War », sa basse slapée et son rythme étudié pour les dancefloors. L’autoproclamée « Welcome to the pleasure dome »… Le slow « Ferry » ou Holly fait montre d’une belle technique vocale. La jazzy samba « San jose »… Ca part dans tous les sens, et la reprise pêchue de SPRINGSTEEN « Born to run » passe comme une lettre à la poste, on y notera d’ailleurs le superbe solo de basse. Il y a même avec « The ballad of 32 » un instrumental Bowiesque.
Sur la seule force de ses trois singles ainsi que des deux autres classiques que sont « War » et « Welcome to the pleasure dome », l’opus ne peut que prétendre à la note maximale. Rajoutons que les musicos ne sont pas des manchots –écoutez la basse omniprésente de Mark O’Toole -, que Holly est un leader de choix, et même si la présence du choriste - ?- Paul Rutherford est inexplicable, le groupe a une gueule terrible. Et c’est ainsi que nous voila avec un des plus grands disques de l’histoire de la musique populaire.
Doit figurer dans toute discothèque qui se respecte.
"
Et avec les bonus de la présente édition Deluxe, c'est encore plus vrai. Foncez !

CD 1 - Album
1. The World is My Oyster (Including Well, Snatch of Fury) 1:58
2. Welcome To The Pleasuredome 13:40
3. Relax (Come Fighting) 3:56
4. War (...and Hide) 6:13
5. Two Tribes 3:28
6. for the victims of ravishment 0:35
7. Ferry (Go) 1:49
8. Born To Run 3:59
9. San Jose (The Way) 3:10
10. Wish (The Lads Were Here) 2:48
11. including the Ballad Of 32 4:49
12. Krisco Kisses 2:58
13. Black Night White Light 4:09
14. The Only Star in Heaven 4:16
15. The Power Of Love 5:31
16. bang 1:09

CD 2 - Bonus
1. Relax (Greatest Bits) 16:59
2. One September Monday 4:49
3. The Power of Love (12 inch version) 9:30
4. Disneyland 3:07
5. Two Tribes (Between Rulers And Ruling) 4:10
6. War (Between Hidden And Hiding) 4:00
7. Welcome To The Pleasuredome (Cut Rough) 5:40
8. One February Friday 5:00
9. The Ballad of 32 (Mix 2) 11:03
10. Who Then Devised the Torment? 0:16
11. Relax (Greek Disco Mix) 6:18
12. Watusi Love Juicy 4:03
13. The Last Voice 1:14

Holly Johnson: lead vocals
Paul Rutherford: backing vocals
Brian Nash: guitar
Mark O'Toole: bass
Peter Gill: drums
&
J. J. Jeczalik: keyboards, programming, software
Andrew Richards: keyboards
Luís Jardim: percussion
Anne Dudley: keyboards, string arrangement on "The Power of Love"
Stephen Lipson: guitar
Steve Howe: acoustic guitar on "Welcome to the Pleasuredome"
Trevor Rabin: guitar, keyboards
Trevor Horn: backing vocals, bass

FRANKIE GOES TO HOLLYWOOD

SyNTH-iNDuSTRy
Cabaret Voltaire "Micro-Phonies" (11/1984)
ou "Bienvenu au Théâtre Monstrueux"
 
La synthpop triomphe alors, forcément, ça donne quelques idées à des formations plus à la marge comme les industrieux de Cabaret Voltaire et leur Micro-Phonies dont EmixaM (X.Silence.net) va nous entretenir :
"En 1984, la synthpop préside dans les charts. Le synthé mis en exergue dès la début des années 70 par Kraftwerk devient prédominant en Angleterre vers 1977/1978. Le punk anglais se mixe avec l'électronique millimétrée allemande ce qui donne naissance au genre synthpop et new wave. Des groupes tels que Tubeway Army, Human League, Depeche Mode ou encore John Foxx se forment et deviennent des superstars en campant les premières places des charts...
De l'autre coté, des groupes beaucoup plus punk décident d'expérimenter ces nouveaux sons afin de créer un genre de musique très abstraite, industrielle et expérimentale. Parmi ces groupes, on peut citer Throbbing Gristle, et bien-sûr Cabaret Voltaire dans leur première période.
Entre 1974 et 1982, Cabaret Voltaire joue sur les sons, les rares synthés, les bandes préenregistrées et le duo guitare/basse passée a la distorsion.
Le groupe comprend alors les membres suivants; Stephen Mallinder (chant, basse, synthé), Chris Watson (synthé, magnéto et effets) ainsi que Richard.H Kirk (guitare, synthé). Après quatre albums de musique abstraite et industrielle (dont un superbe Three Mantras) et quelques EP dans le même style (Extended Play ou 2x45 pour ne citer qu'eux), Chris Watson quitte le groupe en 1982 et laisse le duo Mal/Kirk prendre une nouvelle direction. Après une tournée mondiale en 1982 (qui les emmènera notamment au Japon, voir l'album live Hai), le groupe change de direction sonore et en 1983 avec l'album The Crackdown passent au synthpop/funk industriel.
Après une courte tournée de promo pour The Crackdown (qui verra leur premier et dernier passage en France, novembre 1983), le duo se tourne de nouveau vers la composition afin d'enregistrer un nouvel album studio. Cet album sortira en fin 1984 et baptisé Micro-Phonies. C'est leur plus gros succès commercial a ce jour.
Ce succès est dû a l'arrivée dans les charts indie de deux singles extrait de l'album; "James Brown" et surtout "Sensoria" dont le clip réalisé par Peter Care se verra massivement diffusé par MTV a l'époque et élu meilleur clip de l'année 1984 par le LA Times.
Subjectivement, Micro-Phonies n'est pas le meilleur album de Cabaret Voltaire (cet honneur revient a The Crackdown ex-aequo avec la compilation video Gasoline In Your Eye sortie fin-1985). Cependant, l'album est bien mixé et la continuité est bien présente. "Do Right" ouvre l'album sur une rythmique très eighties avec une ligne de synthbass très représentative de l'époque. On retrouve dès ce premier morceau l'usage quasiment abusif de samples, marque de fabrique chez Cabaret Voltaire (et de toutes les productions Richard H Kirk). "The Operative", second morceau rappelle Joy Division dans une version plus funky et industrielle a la fois. Il faut alors rappeler que les Cabs et que les membres de Joy Division/New Order étaient amis... (cf leur demo commune de 1980 avec Rob Gretton a la voix...) "Digital Rasta" est une sorte de petite blague sympathique de Cabaret Voltaire aux mélanges des genres qui avait lieu a cette époque ; le morceau reprends la structure d'un morceau de reggae/dub a la sauce electro/industriallofunk des Cabs, ce qui a un effet surprenant car assez bon. Vient ensuite "Spies In The Wires", hymne funk froid et sombre à l'espionnage omniprésent dans le contexte de guerre froide. La face A se termine sur "Theme From Earthshaker". Ce morceau devait être le thème principal du second film de Cabaret Voltaire qui ne fut finalement pas tourné (le premier étant Johnny Yesno, projet de 1981/82 qui a abouti a un film d'une heure et demie sur l'aliénation de la société par le travail d'usine, le film est visible sur youtube). Le morceau sonne donc comme un thème de film d'horreur style John Carpenter.
La face B démarre sur l'autre grand succès public des Cabs a cette époque, le morceau "James Brown" qui sans contenir de samples du maitre fait quand même sentir une maitrise de l'electro funk industrielle. L'usage de samples de trompettes distordues et distantes au dessus d'un méli-mélo de synthbass funky permet de créer une rythmique dansante et mémorable. "Slammer", plus calme, reste dans la direction du funk industriel mais sans être aussi marquant que le morceau précédent. "Blue Heat" est un morceau sorti sur la face B du single de "Sensoria". Bien rythmé et très typé new wave, il manque un je-ne-sais-quoi a ce morceau pour frapper juste. L'album se termine sur le gros hit des Cabs (le plus gros avec "Nag Nag Nag"), "Sensoria" qui reprend quasiment les mêmes patterns et éléments mélodiques de "Do Right" avec un changement dans la rythmique et la ligne de basse. On retrouve d'ailleurs les même samples "do right, go to church, always work" qui dénoncent bien évidemment la quasi-dictature des groupes extremistes chrétiens et autres sectes...
En conclusion, Micro-Phonies est un bon album dans l'ensemble. Il faut rappeler que c'est le seul véritable album d'électropop de Cabaret Voltaire. Après une tournée mondiale entre fin 1984 et début 1985, les Cabs reviennent a l'électro-industriel avec leur EP Drinking Gasoline (accompagnant la VHS "Gasoline in your Eye" citée plus haut) et surtout l'album suivant, The Covenant The Sword And The Arm of The Lord (qui est nettement moins bon)."
Alors, l'indus à la sauce Synth ? Ca ne se manque pas, voyons !

1. Do Right 6:43
2. The Operative 3:13
3. Digital Rasta 5:39
4. Spies in the Wires 3:19
5. Theme from Earthshaker 2:48
6. James Brown 4:58
7. Slammer 5:38
8. Blue Heat 4:02
9. Sensoria 3:58
Bonus
10. Sensoria (12" Mix) 7:52
11. Blue Heat (12" Mix) 7:25

Richard H. Kirk - Synthesizers, programming & guitars
Stephen Mallinder - Vocals, bass
Roger Quail - Drums
Mark Tattersall - Percussion
Eric Random - Tablas

CABARET VOLTAIRE

CooL-HaND NiK
Nik Kershaw "The Riddle" (11/1984)
ou "Synth Idol"

C'est un peu le syndrome Howard Jones part II, un beau gars avec le look, les chansons et les arrangements qui collent au plus près des goûts d'alors... Sauf que Nik Kershaw a sans doute beaucoup plus à dire et ne cache que maladroitement (youpi !) des racines qui viennent d'avant, quand les synthétiseurs étaient déjà rois mais que les cheveux étaient longs et les chansons itou.
Parce qu'il y a, chez Nik, plus que chez tout autre représentant de la hype générationnelle, une écriture d'un extrême classicisme qui, malgré des arrangements tout à fait de leur époque, reste immensément détectable, en plus d'un bon goût compositionnel qu'il est temps de démontrer. Ca commence en fait dès Don Quixote qui, malgré ses boîtes à rythmes, sa basse funky et ses cuivres synthétiques est nettement plus substantiel et cherché que la moyenne synthpop des octantes, et tant pis si un refrain un peu léger et d'hispanisants oripeaux pas forcément toujours du meilleur effet viennent légèrement noircir le tableau, on est nettement plus dans la tradition d'un Peter Gabriel, d'un Brian Eno voire d'un Robert Fripp que dans une bête relecture pop des préceptes kraftwerkiens. A partir de là, il n'y a pas de surprise à constater que la palette de Kershaw, d'un poil de rock à guitares comme dans You Might ou Wide Boy, d'une esthétique new wave classieuse pas sans rappeler le Japan de David Sylvian (Wild Horses, Save the Whale... jusque dans le maniérisme mélodique du chant de Nik), d'un petit détour vers la Jamaïque (Roses et ses accents reggae bien gérés) ou, évidemment !, d'une adaptation maline d'influences celtiques bienvenues justement couronnée de succès (The Riddle, énorme tube !), a un arsenal à sa disposition que peu des ses condisciples peuvent revendiquer et qui n'est que confirmée dans les inédits de cette version Deluxe dont le délicieux piano/voix So Quiet.
Tout ça pour de la musique légère à visée ouvertement commerciale se morfondront certains. Et alors ? Quand c'est aussi bien fait, et à condition de pouvoir encaisser les différents gimmicks 80s forcément présents, il n'y a pas à bouder son plaisir.

CD 1 - Album
1. Don Quixote 4:55
2. Know How 4:52
3. You Might 3:17
4. Wild Horses 3:59
5. Easy 4:13
6. The Riddle 3:52
7. City of Angels 3:56
8. Roses 3:58
9. Wide Boy 3:28
10. Save the Whale 6:02

CD 2 - Bonus
1. Roses (Live) 4:45
2. The Riddle (Extended) 5:12
3. Know How (Live) 4:54
4. Don Quixote (Extra Special Long Mix) 8:44
5. City Of Angels (Live) 3:59
6. So Quiet 3:13
7. Wild Horses (Live) 3:59
8. Wide Boy (Extended Mix) 5:10
9. You Might (Live) 3:31
10. Don't Lie 3:55
11. Save The Whale (Live) 6:05

NIK KERSHAW

BiG HaiR!
Tears for Fears "Songs from the Big Chair" (02/1985)
ou "Big Sound"

C'est un peu la queue de la comète new-wave, un peu l'apparition d'une nouvelle vague pop parce que, si Tears for Fears ne furent pas de ces météoriques succès, il y a une raison, ils ont du talent quelque soit les atours dont ils usent pour leurs albums, comme sur ce classique, ce Songs from the Big Chair des mid-80s, un triomphe de l'époque jusque dans les arrangements capillaires discutables des deux membres...
Deux ans plus tôt, la formation, encore quatuor avec, en sus d'Orzabal et de de Smith (le premier également principal compositeur), un claviériste (Ian Stanley) et un batteur (Manny Elias), a fait une remarquée apparition avec un premier long-jeu, l'ambitieux et réussi The Hurting, et quelques singles, Mad World, depuis re-popularisé par Gary Hughes sur la BO de Donnie Darko, Change et Pale Shelter qui, s'incrustant toutes trois dans le Top 10 d'Outre-Manche, lancèrent une prometteuse carrière. On y imagine la pression quand il fut temps d'accoucher d'un successeur mais, tranquilles et sûrs de leur fait, n'hésitant pas à marquer une très nette évolution voire une transformation, les membres de Tears for Fears convoquent le gotha des musiciens de studio pour réaliser leur vision. Dans les faits, ça donne un album nettement moins nerveux que son prédécesseur où, des un Shout inaugural promis à une évidente carrière radiophonique (qui continue toujours aujourd'hui) on comprend que ces gars-là sauront satisfaire au-delà des plus folles expériences. La suite, d'un The Working Hour éthéré émaillé d'intervention saxophoniques aussi surprenantes que bienvenues (par Mel Collins, de chez King Crimson, oui !, et Will Gregory) et à l'emballage rythmique (la participation de Jerry Marrota aux percus n'a pas dû nuire) absolument passionnant à décortiquer, à un Everybody Wants to Rule the World tube immédiat en plus d'être une chanson excellemment troussée, un cinématique et funko-percussif Mothers du plus bel effet, un I Believe délicieusement cotonneux et jazzy où s'exprime parfaitement la personnalité vocale rêveuse de Curt Smith, et, évidemment, puisque c'est un autre hit, à un très accrocheur Head Over Heels qui s'imprime immédiatement dans les mémoires. Comme en plus, on ne rechigne pas à déguster les bonus de la présente édition, il n'en faut pas plus pour applaudir franchement la performance.
Produit par l'ex-Adam and the Ants, qui en était aussi le producteur d'ailleurs, Chris Hughes, totalement caractéristique de son temps et pourtant étonnamment peu daté aujourd'hui (peut-être parce que les performances instrumentales, du groupe comme de ses invités, y sont particulièrement soignées), Songs from the Big Chair est plus qu'un succès jauni, une galette toujours chaudement recommandé aux amateurs d'une pop rock finement exécutée et instrumentalement développée (dans l'esprit du So de Peter Gabriel ou du Once Upon A Time de Simple Minds).
Tears for Fears en 1985 ? Ils avaient tout bon !

1. Shout 6:32
2. The Working Hour 6:30
3. Everybody Wants to Rule the World 4:10
4. Mothers Talk 5:09
5. I Believe 4:53
6. Broken 2:38
7. Head over Heels/Broken (Live) 5:01
8. Listen 6:48
Bonus
9. The Big Chair 3:21
10. Empire Building 2:52
11. The Marauders 4:16
12. Broken Revisited 5:16
13. The Conflict 4:05
14. Mothers Talk (U.S. remix) 4:13
15. Shout (U.S. remix) 8:02

Roland Orzabal - guitar, keyboards, lead vocals, grand piano on 5, vocal styling on 8, bass synth and LinnDrum Programming on 1
Curt Smith - bass guitar, vocals (lead vocals on 3 and 8)
Ian Stanley - keyboards, synths, LinnDrum programming, arrangements on "Listen"
Manny Elias - drums
&
"Shout": Sandy McLelland - backing vocals, Chris Hughes - drums
"The Working Hour": Jerry Marotta - percussion, Will Gregory - saxophone solos, Mel Collins - saxophone, Andy Davis - grand piano
"Everybody Wants to Rule the World": Neil Taylor - second guitar solo, Chris Hughes - drums and MIDI programming
"Mothers Talk": Stevie Lange - backing vocals
"I Believe": Will Gregory - saxophone
"Broken": Neil Taylor - guitar solo
"Head over Heels": Sandy McLelland - backing vocals, Andy Davis - grand piano, Annie McCaig - backing vocals, Marilyn Davis - backing vocals
"Listen": Marilyn Davis - operatic vocal

TEARS FOR FEARS

L'auTRe aSie
China Crisis "Flaunt the Imperfection" (1985)
ou "Finding Direction"

Comme l'excellent Gérard Bar-David a eu la bonne idée d'ouvrir un blog où il archive ses travaux passés dans la presse rock française, Best en particulier, en plus de continuer son travail d'explorateur, voici une chronique parue dans le numéro 203, juin 1985, de Best justement du Flaunt the Imperfection des synthpoppers de China Crisis :
"Voici trente ans exactement sortait ma kronik du troisième et brillant LP du combo pop de Liverpool China Crisis. Fan de Steely Dan, dont le guitariste Walter Becker est aux commandes de la production, j’avais craqué sur ce « Flaunt The Imperfection» aux irrésistibles accents du duo Donald Fagen-Walter Becker. Trois décennies plus tard, ce joyeux joyau pop n’a pas pris l’ombre d’une ride.
En écrivant ces lignes pour BEST cet été 85, j’ignorais encore que deux mois plus tard je me retrouverais à bord d’un Boeing 747 à destination de San Francisco où les British de China Crisis démarraient leur première tournée Américaine. En attendant de retrouver ce reportage vintage dans votre Gonzomusic favori, voici la chronique de leur LP telle que publiée dans le numéro 203 du mensuel BEST :
Tiens, le nouveau China Crisis est produit par Walter Becker. Son cristallin, perfection assurée, transparence de l’émotion instrumentale, je n’ose y croire. Serait-ce LE Walter Becker, héros du Steely Dan de mon adolescence? Eh oui, après le split du Dan, tandis que Donald Fagen nous balançait son LP solo, Walter entamait sa traversée du désert. Profitant des leçons du génial Gary Katz, le voici réalisateur de China Crisis. Si le mot suave a encore un sens aujourd’hui dans la musique, c’est bien grâce à Steely Dan, les jusqu’au-boutistes de l’empire du son. Plus loin, plus fort, plus intense, Becker adapte la technique du Dan aux petits China Crisis et ce troisième LP éclipse largement les précédents. Pour ce groupe aimable avec ses, titres à tiroirs, l’effet Becker est une terrible mutation. La petite formation liverpuldienne se retrouve projetée sur le devant de la scène. « Flaunt The Imperfection» est une pièce d’orfèvrerie aussi rare dans nos années technologiques qu’une rose des sables chez Interflora. Sans un seul nuage, le ciel limpide de cet album brille de tous ses titres après l’éblouissement initial de « Black Man Ray», le premier single. Becker éclipse ses confrères et même son faux homonyme Arthur. Versant plus pop du retour anglais à la fraîcheur soft, cette « Crise Chinoise » apporte là une sacrée contribution pour surmonter la crise d’inspiration britannique.
"
Voilà, vous en savez assez pour plonger sans la moindre crainte !

1. The Highest High 4:16
2. Strength of Character 2:50
3. You Did Cut Me 4:18
4. Black Man Ray 3:39
5. Wall of God 5:32
6. Gift of Freedom 4:38
7. King in a Catholic Style 4:32
8. Bigger the Punch I'm Feeling 4:21
9. The World Spins, I'm Part of It 4:12
10. Blue Sea 4:46

Gary Daly – vocals, synthesizer
Eddie Lundon – guitar, vocals
Walter Becker – synthesizer, percussion
Gary "Gazza" Johnson – bass
Kevin Wilkinson – drums, percussion
&
Tim Renwick - all guitar solos

CHINA CRISIS

MiNoR ToMS
Sigue Sigue Sputnik "Flaunt It" (03/1986)
ou "Les Escrocs"

Juste à côté de la synthpop, il y eut des exemples d'expérimentations tentant de recycler le rock avec un surplus de rock additionné. C'est ainsi qu'arriva Sigue Sigue Sputnik, une bande de talentueux escrocs auteurs d'un cyber-glam pseudo-post-apocalyptique ont Twilight (Guts of Darkness) va nous détailler la recette :
"Sigue Sigue Sputnik a failli être un groupe génial...Oui, oui, j'en vois déjà qui rient dans la salle...Laissez-moi donc poursuivre...
Nous sommes en plein milieu des 80's, le punk se veut mort, la new wave est en train de devenir...oui, le mot magique, 'devenir'...le milieu des 80's est une période de construction et de devenir; l'informatique est en plein boum, les cds commencent à sérieusment concurrencer le vinyl, l'économie change... bref, beaucoup de modèles établis chancellent, même si peu de personnes le perçoivent...Voilà que débarque une bande d'allumés qui semblent à la fois sortis de Blade Runner et Mad Max, puant l'américanisme le plus décadent alors qu'ils sont anglais...Oui, riez si vous voulez, Sigue Sigue Sputnik s'annonce comme un groupe punk d'un genre nouveau. Philosophiquement 15 ans trop en avance sur Marilyn Manson et musicalement 15 ans trop en retard sur Suicide, le groupe le paiera très cher...en partie de par sa faute, mais aussi, j'en reste convaincu, de par sa place dans l'histoire du rock.
Bref, explications: bien avant Manson, nos loustics ont compris qu'une nouvelle forme de société est en train d'émerger, toute d'excès et de contradictions, pas toujours positifs d'ailleurs...Dans l'équipe se trouve un certain Tony James, ex-membre d'un groupe punk anglais de seconde zone, Generation X...dont le chanteur, un certain Billy Idol, fera la brillante carrière que l'on sait...Tony, comme son compère Billy, a vite compris l'impasse du punk, mais contrairement à son collègue qui se sent comme un poisson dans l'eau dans certains clichés du rocker pur et dur qui restera à jamais insoumis, il cherche autre chose. Cette société, au lieu de la dénoncer sans succès, son nouveau projet, Sigue Sigue Sputnik, va l'incarner à outrance, en explorer tous les excès, devenant la personification ultime de tout ce qui est critiqué...Débarque une bande de punks aux crêtes roses, vêtus de vinyl, chantant l'âge coca-cola, la consommation à l'extrême, l'explosion de l'informatique et la bisexualité...Musicalement, nos lascars vont opter pour une ligne épurée à l'extrême à la Suicide, basse électro uniforme, presque similaire sur tous les morceaux, un rythme ultra binaire (produit par deux batteurs, là où une boîte à rythmes eut suffi !), un chant scandé plus que chanté, déformé par des tonnes d'effets, quelques lignes de guitare rock'n'roll pour la forme et des millions de samples (de Bach à des extraits de téléjournal)...
Ce n'est pas tout, Sigue Sigue Sputnik pousse l'outrecuidance jusqu'à introduire des plages de pub entre chaque chanson, déforme les classiques du rock, multiplie les déclarations sulfureuses...Le reste appartient à l'histoire; produit par Giorgio Moroder (tout de même !), le groupe se voit décrié de partout, organise une première tournée qui s'avère un flop retentissant...bref, tout pour devenir culte ! Oui, mais voilà, comme certains poètes l'ont dit, c'est dans la chute que l'on reconnait la grandeur d'un homme. Or, Sigue Sigue Sputnik, au lieu de persévérer dans leur voie extrême et assumer leur satut de groupe punk du XXIème siècle va tout gâcher avec un second disque désastreux, produit par les faiseurs de tubes de l'époque, Stock, Waterman et Aitken (à qui l'ont doit des infections comme Kylie Minogue, Rick Astley, etc), détruisant d'un seul coup une réputation de groupe maudit qui eut pu faire leur renommée...
Reste ce premier album génial, 'Flaunt it', personnification des excès des 80's et des questions en devenir, avec des tubes comme 'Love missile F1-11', '21st century boy' ou 'Sex, bomb boogie'...à consommer sans modération !"
Testez-le, mais testez-le vous dis-je !

1. Love Missile F1-11 (Re-Recording Part II) 3:49
2. Atari Baby 4:57
3. Sex-Bomb-Boogie 4:48
4. Rockit Miss U·S·A 6:08
5. 21st Century Boy 5:10
6. Massive Retaliation 5:02
7. Teenage Thunder 5:17
8. She's My Man 5:37

Martin Degville - vocals
Tony James - synth guitar
Neal X - electric guitar
Ray Mayhew - drums
Chris Kavanagh - drums
Miss Yana Ya Ya - special effects

SIGUE SIGUE SPUTNIK

Nu-MoDe
Erasure "Wonderland" (05/1986)
ou "Out of the Closet"

Passé par Depeche Mode, par Yazoo, voici enfin Vince Clarke dans le projet qui tiendra le choc des ans, et qui continue toujours aujourd'hui d'ailleurs, son duo avec le vocaliste Andy Bell, Erasure.
Le programme ? Une synthpop aux accents soul pas sans rappeler le précédent projet de Clarke sauf qu'à la voix féminine d'Alison Moyet s'est substituée celle, souvent androgyne, de Bell... Et puis c'est tout parce que force est de constater que si Clarke et son nouveau partenaire ont réussi une vraie belle pièce de pop sautillante articulée par des synthés totalement 80s et des beats juste dansants ce qu'il faut pour ne surtout pas venir interférer avec la verve mélodique et compositionnelle du duo tout en flattant les envies de déhanchements de jeunes britanniques en demande. Bêta pour autant Wonderland ? On ne va pas se mentir, un peu mais tellement glorieusement troussé, tellement immédiatement addictif qu'on ne le voudrait surtout pas autrement. Il faut dire aussi que le partenaire de jeu de l'ex-Depeche Mode possède un organe qui, s'il ne démontre pas encore toute l'étendue de sa palette, a tout pour séduire comme démontré, par exemple, sur le plus lent et atmosphérique Cry So Easy.
Et donc, avec des singles, pas d'énormes succès à leur sortie, aussi savoureux que le joyeux Who Needs Love Like That ou l'irrésistible rengaine sensualo-kitsch Oh l'Amour, Erasure emballe sa première petite affaire avec un naturel et une facilité qui augurent de lendemains radieux qui ne tarderont d'ailleurs pas à arriver. Recommandé.

1. Who Needs Love Like That 3:17
2. Reunion 3:24
3. Cry So Easy 3:35
4. Senseless 3:26
5. Heavenly Action 3:26
6. Say What 3:56
7. Love is a Loser 3:01
8. March on Down the Line 3:44
9. My Heart... So Blue 4:30
10. Oh L'amour 3:24
Bonus
11. Who Needs Love Like That (The Love That Mix Version) 6:09
12. Oh L'amour (The Funky Sisters Remix) 7:06

Andy Bell - vocals
Vince Clarke - musics

ERASURE

LaTeR oN...
Pet Shop Boys "Actually" (09/1987)
ou "Les derniers Géants"

Ce sont probablement les derniers géants de la synthpop, ceux qui donnèrent au genre ses "palmes académiques" aussi tant il est vrai que les Pet Shop Boys non seulement maintiendront le genre dans une période creuse mais sauront construire dessus une odyssée synthétique d'une variété et d'une richesse qui laisse pantois.
Parce que, présentement, les PSB réussissent le double challenge de faire un authentique album de dance music plein de pop et une œuvre ambitieuse. C'est évident dès la pièce d'ouverture, One More Chance, où, entre refrain entêtant et couplets quasi-expérimentaux sur un beat qui fleure bon les excès estivaux de jeunes anglais en goguette à Ibiza, mais avec un de ces ponts doux-amers et un de ces décrochages club  dont Tennant et Lowe on le secret... Les PSB, quoi ! Mais les PSB plus ultra par rapport à leur inaugural long-jeu, Please, qui pour plus simple n'en était pas moins un premier palier nécessaire au développement de la paire. Assumant totalement un attachement au passé d'ailleurs présent, si évidemment modernisé à l'aulne des possibles de la décennie en cours, non seulement dans une faconde mélodique assurément traditionnaliste et des arrangements empruntant autant à la soul des 60s qu'aux comédies musicales discoïdes des 70s qu'à de très traditionnels songwriters britanniques sans doute mais surtout étatsuniens (il y a définitivement du Cole Porter et du Rodgers et Hammerstein chez ces deux garçons biens sous tous rapports, écoutez It Couldn't Happen Here si vous ne me croyez pas).
Donc la palette s'élargit, et de belle façon, et comme en plus les singles de l'exercice, le délicieusement théâtral et vicieux It's a Sin et le so soul What Have I Done to Deserve This? avec, excusez du peu !, Dusty Springfield venu pousser la chansonnette, classe !, sont deux bombes du genre (synthpop, vous suivez ?) et que le reste est une impeccable collection sur laquelle on gigote avec une petite larme au coin de l'œil (on citera en particulier le magistral Kings's Cross de conclusion, la tête dans les nuages), la marque de fabrique des PSB, il n'y a pas à détailler Actually plus avant pour en recommander chaudement l'écoute appliquée et répétée, parce que les PSB, ce sont des artistes, des vrais !

1. One More Chance 5:30
2. What Have I Done to Deserve This? 4:18
3. Shopping 3:37
4. Rent 5:08
5. Hit Music 4:44
6. It Couldn't Happen Here 5:20
7. It's a Sin 4:59
8. I Want to Wake Up 5:08
9. Heart 3:58
10. King's Cross 5:10

Neil Tennant
Chris Lowe
&
Andy Richards – Fairlight CMI and keyboard programming on tracks 1, 4, 5, 7 and 9
Dusty Springfield – guest vocals on track 2
J.J. Jeczalik – Fairlight CMI programming on track 3
Gary Maughan – additional programming on track 3
Angelo Badalamenti – orchestra arrangement on track 6
Blue Weaver – Fairlight CMI programming on track 6
Adrian Cook – programming on track 8


PET SHOP BOYS
THe LeGeND LiVeS oN
New Order "Technique" (1989)
ou "Statuesque"

On ne pouvait décemment pas finir sans évoquer un des groupes majeurs de la synthpop qui, même quand la musique qu'il pratique se démode, continue de trouver de nouvelles solutions pour lui garder tout son intérêt. Voici donc Technique, 5ème album de New Order, d'après les mots de Seijitsu (Forces Parallèles) :
"L’acid house, tout est parti de là.
L’impact que cette musique provoqua sur l’Angleterre fut sans précédent dans son histoire musicale. Elle fut le terreau fertile pour bien des formations électroniques qui débuteront leur vocation grâce à ça (le plus étonnant étant de constater que bien de ces grands noms comme LFO, APHEX TWIN et AUTECHRE s’intellectualiseront de plus en plus pour être à l’image de leur label : Warp). Pourtant, la popularisation de ce sous genre vient surtout des groupes de rock. Il est vrai qu’il y a eu 808 STATE et THE KLF, mais ces types étaient pas loin d’être des punks (notamment THE KLF en réalité) et ce fut surtout NEW ORDER qui fut l’ambassadeur de cette dance music auprès du public rock.
Technique est donc l’étape supplémentaire pour confirmer l’importance des Mancuniens sur le son électro rock qui allait se développer à l’avenir. Quoi de mieux pour enregistrer un tel disque que de se ressourcer dans un des temples de l’hédonisme house ? Allez hop ! Direction Ibiza pour le groupe qui ne s’est pas fait prier pour concocter son 5ème album là-bas. On imagine bien la bande se prélasser au soleil la journée puis fureter entre les boites de nuits et le studio pour s’acquitter de ce skeud.
Technique est similaire à Brotherhood sur un point : il est toujours schizophrénique mais plus éclaté. Les gars (et la fille) étant partagés entre une dance efficace avant tout et une new wave élégante portée par la basse magique de Peter Hook. On ressent bien que plusieurs fortes personnalités essayent de mettre chacune leur grain de sel. Car on assiste au mélange des différents visages de leur musique, cela renforce encore plus la confusion. Ce qui tombe bien, car l'album est à l’image de sa pochette : irréel, kitsch et coloré.
L’enchaînement entre « Fine Time » et « All the Way » est criant de vérité. Le premier étant un pur titre house délirant au groove imparable (on peut y entendre des bêlements de chèvre, des bruits de pistolet laser… Tout y passe) et le second une perle new wave délicate où ses inoubliables claviers se font une réponse évidente au « Just Like Heaven » des CURE.
A l’exception de « Vanishing Point », qui injecte un chouia de leur mélancolie malgré son beat dansant (une mélancolie qui va s’étendre sur cette conclusion « Dream Attack » qui sent la gueule de bois, donc signifiant que la fête est terminée), NEW ORDER jongle avec sa personnalité pop un poil désenchantée et sa tentation de faire danser les gens. Ce qui en fait évidemment leur disque le plus haï des fans de la première heure et le préféré des personnes qui n’aiment pas le post-punk. A vous de voir dans quelle catégorie vous vous situez.
En dehors de ces considérations subjectives, Technique ne fait pas seulement date dans leur discographie en raison de sa qualité et de sa personnalité, mais parce qu’il est l’un des premiers jalons de cette ère acid house rock qui connaitra son fameux pic en 1991 (grâce à Screamadelica qui atomisera le genre par la même occasion). Un grand témoignage de cette période de fêtes sans fin où l’ecstasy commençait à se répandre telle une trainée de poudre.
Il reste à savoir pourquoi cette sortie était aussi fun. Pour fêter la fin imminente du règne de Margaret Thatcher ? Pour que NEW ORDER puisse conclure la décennie de manière magistrale avant qu’une longue traversée du désert ne pointe le bout de son nez ? Et si ce n’était pas un peu des deux ?
"
Voici qui conclut l'exploration de la synthpop des années 80, la suite s'intéressera... à la suite, évidemment. En attendant, vous avez du synthétiseur sur la planche !

1. Fine Time 4:42
2. All the Way 3:22
3. Love Less 2:58
4. Round & Round 4:29
5. Guilty Partner 4:44
6. Run 4:29
7. Mr. Disco 4:20
8. Vanishing Point 5:15
9. Dream Attack 5:13

Bernard Sumner – vocals, guitars, melodica, synthesizers and programming
Peter Hook – 4 and 6-stringed bass, electronic percussion, synthesizers and programming
Stephen Morris – drums, synthesizers and programming
Gillian Gilbert – synthesizers and programming, guitars

NEW ORDER

lundi 25 janvier 2016

Autour du Bon, du Méchant et de la Reine

Où l'on tourne autour d'un des derniers "supergroupes" en date avec l'album, bien-sûr, mais surtout une œuvre de chacun de ses membres histoire que le festin soit vraiment beau. Enjoie !

SuPeRGRouPe
The Good, the Bad & the Queen "The Good, the Bad & the Queen" (2007)
ou "Albarn à la barre"

On en attend sans doute trop des rencontres entre musiciens célèbres et/ou respectés, ce qu'il était naguère convenu d'appeler supergroupe mais qu'il a tellement déçu qu'on n'ose plus trop.
Dans le cas présent, génération différente oblige (quoique Paul Simonon et surtout Tony Allen commencèrent leurs carrières dans les septantes), le problème ne vient probablement pas de sempiternelles guerres égotiques entrainant une œuvre auto-satisfaite et ampoulée, mais problème il y a tout de même... Alors quoi ? L'omniprésence de celui dont on sait sans le moindre doute qu'il est le force créatrice motrice du projet, Damon Albarn en l'occurrence qui, a trop vouloir contrôler tout ce qu'il l'entoure réussit de vrais tours de force (Mali Music, les deux premiers Gorillaz, son magnifique album solo, Everyday Robots) mais, présentement, nie à The Good, The Bad & The Queen l'apport d'un collectif pourtant bien construit avec l'ex-The Verve et partenaire récurrent de Damon depuis un moment, Simon Tong, et, évidemment !, une section rythmique que, composée d'un Clash au batteur de l'immense Fela, on aurait aimée vouée à de plus jammesques instants.
Attention, ne vous méprenez pas, ces 12 titres et 40 et quelques minutes sont une sympathique démonstration des talents mélodiques du sieur Albarn aboutissant à un aimable galette d'indie-pop plutôt très bien troussée, sauf qu'on en attendait plus (trop ?) d'un collectif au promesses fusionnantes alléchantes mais, ultimement, absente du cocktail proposé. C'est donc avant tout aux fans du gars Damon qu'on conseillera un album que, franchement, il aurait dû sortir en son nom propre et avec lequel il ne faut donc surtout pas attendre autre chose que ce que le leader de Blur sait très bien faire.

1. History Song 3:05
2. 80's Life 3:28
3. Northern Whale 3:54
4. Kingdom of Doom 2:42
5. Herculean 3:59
6. Behind the Sun 2:38
7. The Bunting Song 3:47
8. Nature Springs 3:10
9. A Soldier's Tale 2:30
10. Three Changes 4:15
11. Green Fields 2:26
12. The Good, the Bad & the Queen 7:00

Damon Albarn – lead vocals, keyboards, back cover
Paul Simonon – bass, backing vocals, illustrations
Simon Tong – guitar
Tony Allen – drums
&
Danger Mouse – percussion (track 4), synthesizers (tracks 5 & 12), production
Harry Christophers – choir (track 5)
Julia Doyle – choir (track 5)
Grace Davidson – choir (track 5)
Kirsty Hopkin – choir (track 5)
Charlotte Mobbs – choir (track 5)
Andrew Olleson – choir (track 5)
Ian Aitkenhead – choir (track 5)
David Clegg – choir (track 5)
Christopher Royall – choir (track 5)
Adrian Lowe – choir (track 5)
Ben Rayfield – choir (track 5)
Mark Dobell – choir (track 5)
Simon Berridge – choir (track 5)
James Holliday – choir (track 5)
Julian Empett – choir (track 5)
Sam Evans – choir (track 5)
Antonia Pagulatos – violin (tracks 5, 6, 8–10 & 12)
Sally Jackson – violin (tracks 5, 8, 9 & 12)
Alice Pratley – violin (tracks 5, 8, 9 & 12)
Gillon Cameron – violin (tracks 6 & 10)
Stella Page – viola (tracks 5, 6, 8–10 & 12)
Amanda Drummond – viola (tracks 5, 8, 9 & 12)
Emma Owens – viola (tracks 6 & 10)
Izzi Dunn – cello (tracks 5, 6, 8–10 & 12)
Al Mobbs – double bass (tracks 5, 6, 8–10 & 12)
Emma Smith – double bass (tracks 6 & 10)
Eslam Jawaad - additional vocals on "Mr. Whippy"

THE GOOD, THE BAD & THE QUEEN

ToNy aLLeN
Fela "Gentleman/Confusion" (1973/75)
ou "African Pulse"

D'une autre planète... l'Afrique ! Pas une Afrique de carte postale, une Afrique ouverte sur le monde, violente souvent, sensuelle toujours, à la fois si proche et si loin de nous...
De la riche discographie de Fela, Gentleman est celui que je préfère (suivi de près par Confusion de 1975 auquel il est groupé dans la présente réédition), un album politique bien-sûr, comme le fut toute l'aeuvre de Fela Anikulapo Kuti, un album pour lequel il a spécialement appris à jouer du saxophone afin de remplacer, au cours des sessions, un Igo Chico démissionnaire, il impressionne dans l'exercice, d'ailleurs sur un album suant et groovant, tribal et jammy, chaud, lourd, céleste... Tout ça !
Comme à l'accoutumé dans l'afrobeat de Fela, ce funk de la jungle, jazzy et libre dont il est le géniteur, les pistes sont longues, largement improvisés, avec de vibrantes chorales tribales, de rutilants cuivres et de trépidantes rythmiques panafricaines (Ha! Tony Allen !). C'est vibrant, aussi étourdissant de virtuosité que de vérité, une musique de ghetto pour sortir du ghetto, un gospel impossible pour le droit des hommes.
A la mort de Fela Kuti, on a pleuré la mort d'un grand homme , pas seulement d'un grand homme africain, d'un grand musicien aussi dont l'impressionnant catalogue est évidemment à revisiter souvent, religieusement. Gentleman, en diamant sur la couronne, est une parfaite introduction à l'homme et à son art.

Confusion (1975)
1. Confusion (part 1 & 2) 25:35
Gentleman (1973)
2. Gentleman 14:32
3. Fefe Naa Efe 8:06
4. Igbe 8:14

Fela Ransome-Kuti - alto saxophone, arrangements, electric piano, production, tenor saxophone, vocals
Tunde Williams - trumpet
Igo Chico - tenor saxophone (tracks 2, 3)
Tony Allen - drums
(autres musiciens inconnus)

FELA

PauL SiMoNoN
The Clash "Combat Rock" (1982)
ou "la fin du début, le début de la fin"

Combat Rock, c'est le Clash du regroupement sur les fondamentaux, pas qu'ils abandonnent la diversité qui a notablement élargi leurs possibles depuis leur fracassants débuts en bruit blanc énervé, cette fois, ce n'est plus le double si rondement mené (London Calling) ni l'extravagant triple qui se paume parfois un peu (Sandinista), ce sont 12 chansons pour à peine plus de trois quart d'heure, un retour à la norme pour un groupe toujours pas comme les autres.
A l'origine, pourtant, les Clash avaient encore prévu un double, qu'ils auraient titré Rat Patrol for Fort Bragg, mais les tourments d'un groupe où tout n'est pas au beau fixe, notamment les prises de bec entre Joe et Mick avec chacun leur idée de ce que le groupe devait devenir qui conduira fatalement au départ de Jones et à la réalisation que Strummer avait besoin de son "frère ennemi" en contrepoids créatif (le fiasco Cut the Crap est là pour en témoigner), Combat Rock sera donc simple, resserré et le mixage (le remixage en fait après le rejet de la version de Mick Jones) confié à l'efficace Glyn Johns qui mène rondement l'affaire, ce n'est pas de ce côté là qu'il faut chercher la faille... Alors, où, justement ? Dans les tensions internes qui ont fini par pourrir l'ambiance au point de nuire à la séminale volonté exploratrice et rebelle, feu brûlant de la genèse des meilleurs moments du quatuor ? Probablement. Mais il reste tout de même moult motifs de  satisfaction sur cet ultime album du vrai Clash. Des singles d'un confondante efficacité déjà, qu'ils rockent bien blanc (Should I Stay or Should I Go) ou groovent bien black (Rock the Casbah) et qui font, tant ils sont bons, oublier le troisième du lot qui n'est qu'une chanson mineure de la formation (Know Your Rights, sympathique au demeurant). Mais ce n'est pas tout parce que si, indéniablement, le répertoire n'est plus de la qualité qu'on attend des "idoles", un bon rock qu'on pourrait croire extrait d'un monde parallèle où Strummer serait Richards et Jagger à la fois circa 1972 (Car Jamming), une excellente étrangeté où Clash hésite entre pop synthétique et reggae dub tout de même dominant (Straight to Hell), un reggae rock bien troussé sur un texte glaçant (Ghetto Defendant, avec le beat-poet Allen Ginsberg). Le reste ? Chaque morceau a ses bons moments et ses faux-pas. Ca ressemble, en fait, beaucoup aux pistes les plus expérimentales, et souvent les moins réussies, de Sandinista, sauf que c'est un peu mieux, mais juste un peu...
Alors, oui, et même plus de trente ans plus tard on a peine à l'écrire, le Clash de Combat Rock, s'il est encore loin de l'indignité, n'est plus cette bouillonnante machine qui d'un séminal éponyme et de son tout aussi recommandé successeur (Give 'Em Enough Rope) en forme de mètre-étalons punk rock, d'un London Calling en grande ouverture triomphante de la richesse de ses idées, d'un Sandinista qui, ramené à de plus humbles proportions, un double par exemple, comme son devancier, n'aurait pas été loin de le taquiner, c'est un Clash souffrant mais encore volontaire, encore capable de pondre quelques grandes chansons même si, on le sent, on le craint, la fin n'est plus très loin. Conseillé tout de même Combat Rock ? Oui, parce que même un Clash souffrant (et pas agonisant voir rongé par les vers de Cut the Crap), a des trésors à vous offrir et que ses "maladies" sont aussi attirantes que les sordides détails d'un fresque de Jérôme Bosch.

1. Know Your Rights 3:39
2. Car Jamming 3:58
3. Should I Stay or Should I Go 3:06
4. Rock the Casbah 3:44
5. Red Angel Dragnet 3:48
6. Straight to Hell 5:30
7. Overpowered by Funk 4:55
8. Atom Tan 2:32
9. Sean Flynn 4:30
10. Ghetto Defendant 4:45
11. Inoculated City 2:43
12. Death Is a Star 3:13

Joe Strummer – lead vocals, guitars, harmonica, piano
Mick Jones – guitars, vocals, keyboards, sound effects
Paul Simonon – bass, vocals
Topper Headon – drums, piano and bass on "Rock the Casbah"
&
Allen Ginsberg – guest vocals on "Ghetto Defendant"
Futura 2000 – guest vocals on "Overpowered by Funk"
Ellen Foley – backing vocals on "Car Jamming"
Joe Ely – backing vocals on "Should I Stay or Should I Go?"
Tymon Dogg – piano on "Death Is a Star"
Tommy Mandel – keyboards on "Overpowered by Funk"
Gary Barnacle – saxophone on "Sean Flynn"
Kosmo Vinyl - vocals on "Red Angel Dragnet"

THE CLASH

SiMoN ToNG
The Verve "Urban Hymns" (1997)
ou "Bitter Sweet Poppery"

Je me souviens que l'enthousiasme de Christophe Basterra fit tellement de bien à lire que je n'hésitait pas longtemps avant d'acquérir ce The Verve revenant, troisième opus d'une formation n'ayant pas encore fait son trou malgré un talent si évidemment au-dessus de la moyenne. Voici donc le billet d'époque publié dans l'excellent mensuel Magic RPM :
"Certains vous diront le contraire, mais, surtout, ne les croyez pas, The Verve a toujours été un groupe extraordinaire.
Et comme tous les groupes extraordinaires les rares, devrait-on préciser , The Verve a côtoyé le meilleur, mais aussi le pire. Le pire ? Un premier album, A Storm Made In Heaven, gâché par un manque d’expérience notoire et une production paresseuse signée pourtant John Leckie. Le meilleur ? Quelques morceaux hypnotiques en singles A Man Called Sun, forcément sublime , des concerts extatiques et surtout, surtout, un deuxième album absolument divin, A Northern Soul quel titre ! , qui mariait les guitares les plus puissantes aux ambiances les plus sombres, porté vers le firmament par une chanson obsédante nommée History. Dans l’Histoire, on a bien cru que The Verve n’y entrerait jamais pour cause de séparation impromptue, due aux mésententes entre un chanteur charismatique, Richard Ashcroft, et un guitariste surdoué, Nick McCabe. On aura donc retenu son souffle pendant deux ans. Heureusement, les deux intéressés ont fini par entendre raison et The Verve est de nouveau réuni, augmenté d’un cinquième membre, pour… le meilleur. Seulement pour le meilleur.
The Verve est sans doute l’un des derniers grands groupes de rock de cette fin de siècle : puissant, romantique, nonchalant, sombre, grandiose, flamboyant, héroïque. En ouverture, le single Bitter Sweet Symphony, tube annoncé qui a ouvert au groupe la voie royale méritée, s’avère être d’une incroyable fadeur face aux titres suivants. A commencer par Sonnet ou The Drugs Don’t Work, deux ballades grandioses et belles à pleurer. De son côté, Catching The Butterfly, insidieux et mystérieux, doit bien être le meilleur morceau que U2 ait écrit depuis le début de cette décennie. Avec Weeping Willow, le quintette renoue avec ce groove lancinant, porté par des arabesques de guitares et un refrain implacable. Ambiances veloutées et mystérieuses, mysticisme mélodique, fureur rock ‘n’ roll incontrôlée le fédérateur Come On , The Verve maîtrise tout. The Verve sait tout faire. The Verve est intouchable...
Alors, oui, un jour, Richard Ashcroft pourra voler. "
Un poil excessif tout ceci, peut-être... Mais indéniablement un album totalement réussi, une des plus belles perles du collier britpop.

1. Bitter Sweet Symphony 5:58
2. Sonnet 4:21
3. The Rolling People 7:01
4. The Drugs Don't Work 5:05
5. Catching the Butterfly 6:26
6. Neon Wilderness 2:37
7. Space and Time 5:36
8. Weeping Willow 4:49
9. Lucky Man 4:53
10. One Day 5:03
11. This Time 3:50
12. Velvet Morning 4:57
13. Come On 15:15

Richard Ashcroft – vocals, guitar
Nick McCabe – lead guitar
Simon Jones – bass guitar
Peter Salisbury – drums
Simon Tong – guitar, keyboards
&
Liam Gallagher – backing vocals ("Come On"), claps ("Space and Time")
Mel Wesson – programming
Paul Anthony Taylor – programming
Will Malone – conductor, string arrangements

THE VERVE

DaMoN aLBaRN
Damon Albarn, Afel Bocoum, Toumani Diabaté & Friends "Mali Music" (2002)
ou "Damon in Africa"

On connaît Damon Albarn parce qu'il a revigoré la musique anglaise en partant de la britpop pour arriver (presque) au krautrock, on connaît Damon Albarn pour avoir fomenté un des projets électro-hip-pop les plus fameux de l'univers, on connaît moins le Damon Albarn Tintin musical parti explorer le Mali, une excellente nouvelle captée sur le savoureux Mali Music qui nous intéresse.
Ici, sans jamais tout à fait disparaître d'un mix où sa patte mélodique et ses trucs d'arrangeur influencent ses rencontres africaines, Damon prouve, mine de rien, que sa forte personnalité, si elle sait s'adapter à toutes les circonstances, n'est pas soluble dans la touffeur sub-saharienne. De fait, c'est un peu comme si son personnage de Gorillaz avait décidé de quitter ses petits amis animés pour s'en créer de nouveaux à Bamako. Et comme les nouveaux amis en question ont pour nom, par exemple, Afel Bocoum ou Toumani Diabaté (tous deux croisés chez l'ultime figure tutélaire malienne, le regretté Ali Farka Touré), on sait d'emblée que le projet est en de bonnes mains. Dans la manière, petites jams impromptues captées in vivo puis retravaillées, habillées dans un studio professionnel tout ce qu'il y a de plus classique, c'est à un joli bouquet de chansons tantôt plus africaines, tantôt plus occidentales mais toujours gorgées d'émotion, toujours profondément marquées par leur territoire d'origine. Ceci dit, coordinateur omniprésent, Damon Albarn sait parfois se faire extrêmement discret, cédant bien volontiers le devant de la scène à ses comparses de l'occasion.
Le résultat, au-delà d'espérances pourtant élevées, est un album tout en ambiances et délicatesse, une œuvre d'une rare cohérence et humanité qui, loin de suivre la voix tracée par ses devanciers (de Paul Simon à Peter Gabriel ou David Byrne qui épicèrent leur petit monde d'Afrique), voit Albarn et ses associés de circonstance créer une fusion où le grand continent, et son enclave malienne en particulier, mènent le bal d'une parfaite fusion. Chaudement recommandé.

1. Spoons 5:19
2. Bamako City 4:09
3. Le Relax 3:51
4. Nabintou Diakité 1:46
5. Makelekele 4:24
6. The Djembe 4:34
7. Tennessee Hotel 3:41
8. Niger 3:52
9. 4AM at Toumani's 3:06
10. Institut National Des Arts 4:14
11. Kela Village 3:10
12. Griot Village 1:12
13. Le Mogon 3:51
14. Sunset Coming On 4:14
15. Ko Kan Ko Sata Doumbia on River 1:04
16. Les Escrocs 5:08

Damon Albarn - Bass, Guitar, Hand Drums, Kalimba, Keyboards, Melodica, Percussion, Piano, Vocals 
&
Afel Bocoum
- Choir/Chorus, Guitar, Vocals 
Cass Browne - Drums
Simon Burwell - Bass, Hand Drums, Keyboards, Melodica, Organ, Piano, Vocals, Xylophone 
Yoro Cisse - Monochord, Njarka Fiddle
Junior Dan - Bass
Kassé-Mady Diabaté - Vocals 
Toumani Diabaté - Kora
Nabintou Diakite - Vocals 
Ko Kan Ko Sata Doumbia - Ngoni
Shakar Fani - Drums
Baba Kone - Percussion 
Brehima Kouyaté - Bass 
Neba Solo - Balafon
Lobi Traoré - Guitar, Vocals 
Djurr Tx'allo - Bass, Piano, Xylophone

DAMON ALBARN

DaNGeR MouSe
Gnarls Barkley "St. Elsewhere" (2006)
ou "The Age of Digital Soul"

Comme c'est la chronique qui m'a décidé à acheter l'album n'en ayant entendu que l'emblématique single (Crazy, évidemment !), ce sont les mots d'époque de Stéphane Deschamps (Les Inrocks) qui vont illustrer le tour de force que demeure l'opus originel de Gnarls Barkley :
"Gnarls Barkley est le projet bicéphale et quadrupède de messieurs Brian Burton et Thomas DeCarlo Callaway, alias Danger Mouse et Cee-Lo. Avant même d’avoir sorti le moindre disque, le duo était déjà entré dans la petite histoire pour avoir hissé son single Crazy en tête des charts anglais uniquement via le téléchargement payant. Télé-déchargement, plutôt.
St. Elsewhere est aussi fou que Crazy. Ce disque évoque la découverte en accéléré d’une cinquantaine d’années de musique soul dans un train fantôme de fête foraine, avec deux clowns psychotiques (ou tout au moins psychédéliques) dans le wagon de tête. Le premier morceau s’appelle Go Go Gadget Gospel, il est effectivement influencé par le gospel, mais lâché sur un dance-hall jamaïcain, puis plongé dans une machine à pop-corn. L’influence du gospel est grande sur St. Elsewhere, disque plein de chant. Mais ce gospel est endiablé, défroqué, débauché, catapulté dans l’espace à la rencontre des petits hommes verts. Le saint homme de Gnarls Barkley, c’est Cee-Lo, grand (et gros) chanteur dont la voix d’or pille les mines du roi Solomon Burke. Si on isolait la voix de Cee-Lo du reste du disque, on entendrait un prêcheur fou haranguant ses ouailles jusqu’à la transe. Mais pourquoi on ferait ça ? Pour exister, le saint homme a besoin de son diablotin Danger Mouse, qui lui refile des beats et des arrangements drogués ? une fois aux amphétamines, une fois aux champignons hallucinogènes. Les deux hommes sont insatiables, ils n’ont pas peur des mélanges. Il est impossible de coller une étiquette sur ces chansons qui ne tiennent pas en place. Dans la musique pop au sens XL (peut-être la seule étiquette valable pour Gnarls Barkley), l’habit fait souvent le moine. Cee-Lo et Danger Mouse s’habillent n’importe comment, et ils jouent n’importe quoi, même une reprise osée et très réussie du classique Gone Daddy Gone, composé en 1982 par les héros hillbilly-punk Violent Femmes. Ça ne nous rajeunit pas, mais ça rajeunit le morceau.
Sur The Boogie Monster, on pense à une novelty song de Louis Armstrong. Ailleurs, Gnarls Barkley se dévoile aussi sexy que Prince il y a vingt ans. Ultramélodique et facétieux, pétulant et coloré, Gnarls Barkley rappelle aussi De La Soul. Et pas de doute, c’est de la soul. Au début et à la fin du disque, on entend un cliquetis qui évoque la rotation d’une bobine sur un projecteur. Tout ça, c’était donc du cinéma, une comédie musicale en couleur et en super grand huit.
"

1. Go-Go Gadget Gospel 2:19
2. Crazy 2:59
3. St. Elsewhere 2:30
4. Gone Daddy Gone 2:28
5. Smiley Faces 3:05
6. The Boogie Monster 2:50
7. Feng Shui 1:26
8. Just a Thought 3:42
9. Transformer 2:17
10. Who Cares? 2:27
11. Online 1:48
12. Necromancer 2:57
13. Storm Coming 3:08
14. The Last Time 3:25

Danger Mouse – producer
Cee-Lo Green – vocals
Ben H. Allen – bass, guitar
Eric Bobo – drums
Ced Keys International – piano
Dr. President – keyboards, bass, guitar, organ
Daniele Luppi – bass, Minimoog, organ, synthesizer
Menta Malone – background vocals
David Piltch – bass
Chris Tedesco – trumpet
Eddie Reyes – acoustic guitar
Tomika Walden – background vocals

GNARLS BARKLEY